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Darwin Le Chat
3 octobre 2015

Darwin vs Grumpy

Chalut.

 

Nous étions en juin et j’étais sur mon toit, non pas à roupiller mais à me baigner d’un chaud soleil retombant doucement entre la basilique et la tour Eiffel lyonnaise. Les hirondelles multipliaient les acrobaties dans les airs en se lançant des défis insensés tandis que les pigeons bavassaient dans leur sous-pente. Soudain je crus apercevoir une silhouette connue venant vers moi en provenance de la Saône. Je me dressais sur mes pattes : « Bon sang mais c’est… George ! » Oui ! Il revenait ! Je le fêtais comme jamais je n’aurais pensé fêter un oiseau : « Oh George ! George ! Te revoilà enfin ! » Il se posa à mes côtés.

– Hello Darwin ! How are you ?

– Bien ! Oui bien ! Et heureux de te revoir !

– As-tu reçu ma carte postale ?

– Oui merci ! Merci George !

– Et quoi de neuf ici ?

– J’ai rencontré quelques chats. Mais toi ? En as-tu croisé ?

– Des dizaines Darwin. Maintenant que je te connais je fréquente un peu plus les toits et un peu moins les bords des fleuves. Je leur ai beaucoup parlé de toi et ils aimeraient bien lire tes aventures un jour. Il faudrait que tu tiennes un blog.

– Oh oui c’est vrai ! Deviendrai-je célèbre ? Peut-être bien.

– Peut-être. En passant par Paris j’ai remarqué tu étais un peu l’archétype d’un De Gouttière parisien, du moins dans sa représentation artistique.

– En plus beau et plus costaud sans doute.

– Pour dire vrai, il y a plus de variété chez les De Gouttière que l’imagerie ne le laisse voir et la plupart des chats flânant sur les toits ne sont pas des De Gouttière mais d’heureux jouisseurs d’appartements bien situés.

– Comme partout George. Tout cela traduit sans doute l’évolution de la société car lorsque les derniers étages étaient dévolus à de misérables chambres de bonnes, la population féline des hauteurs était plus indépendante. Mais dis-moi George ! Ce soir le temps est clément et j’ai un service à te demander. Je voudrais bien retourner du côté de Fourvière car, d’après ce que m’a dit Odette, j’ai la possibilité d’y rencontrer des chèvres. Saurais-tu avec elle assurer une surveillance aérienne de mon chemin ?

– No problem ! Où est Odette ?

– Oh ! elle va venir ! Elle t’aura sûrement vu survoler la Saône si elle est chez Andrea.

 

Comme je le pensais Odette nous retrouva un peu plus tard dans la soirée. J’allai m’avitailler un peu chez un bon pourvoyeur pour ne pas partir le ventre trop léger , puis George nous fit le récit de son voyage et de ses activités pour le compte de la Gull Internationale. Vers trois heures, comme nous étions en début de semaine, la ville était déjà assez calme. Nous nous mîmes en route et je n’avais pas trop d’appréhension. J’allais devenir un De Gouttière De La Presqu’île aillant franchi trois fois la Saône dans les deux sens ! Bon c’est vrai que Passe-passe l’a déjà fait des centaines de fois mais il est un cas très particulier. Alors après avoir profité quelques instants du jardin du Rosaire, je proposai à mes camarades d’aller réveiller Grumpy pour le titiller un peu. Je crois qu’il nous a sentis venir de loin car il s’est caché en croyant nous surprendre. Malheureusement pour lui, Odette le débusqua facilement :

– Sors de derrière ce buisson cabot !

De prime abord je suis plus cordial qu’Odette, il me semble. Je ne voulais pas l’énerver d’emblée mais démarrer une discussion sur un ton presque normal tout en me maintenant sur le mur d’enceinte, hors de sa portée :

– Bonjour Grumpy ! Je suis bien content de te revoir.

– Je ne te renvoie pas le compliment !

– Ce serait pourtant fort sympathique de ta part.

– Pourquoi devrais-je être sympathique ?

– Bon après tout… Allez demander cela à un chien ! Pas étonnant que les humains vous méprisent autant !

– Les humains ne nous méprisent pas du tout ! Bien au contraire !

– Oh ! que si ! D’ailleurs leurs éléments de langage ne laissent de le souligner. Ne dit-on pas : « Un temps de chien. » pour désigner un temps pourri ?

– C’est idiot ce que tu dis ! Un temps de chien est un temps qui convient aux chiens mais pas aux humains simplement parce que les chiens sont des êtres très vaillants capables d’affronter les éléments mieux que les humains.

– Hum… Mais mener une vie de chien n’est-ce pas mener une vie dont personne ne veut ?

– Chacun ses goûts !

– Quand c’est bon à donner au chien c’est sûrement dégueulasse.

– Vu ce que vous bouffez tu pourrais allègrement remplacer chien par chat.

– Etre chien !

– A quoi je te réponds : « Avoir du chien ! »

– Ne pas jeter sa part au chien !

– Qui m’aime aime mon chien !

– Arriver comme un chien dans un jeu de quille !

– Bon chien chasse de race ! Allez du vent ! J’ai d’autres chats à fouetter ! Ah ! ah !

– Se regarder en chiens de faïence !

– Du vent j’ai dit ! Sinon je te rends la monnaie de ta pièce ! Je paye en chats et en rats ! Ah ! ah !

– Aucun problème, moi j’achète chat en poche !

– Certes,… puis tu te rends compte que c’est du pipi de chat !

– Appelons un chat un chat ! N’admettras-tu pas que le péjoratif penche côté chien ?

– Oh ! oh ! Pour être honnête je crois qu’il y a match mais pour te voir débarrasser le plancher je veux bien te donner raison.

– Ah ! Parfait ! A la prochaine alors !

– Ouais c’est ça !

Je m’éloignai tranquillement en marchant sur le mur, pas tout à fait convaincu de ma victoire. J’entendis Odette souffler à George : « Ces deux là s’entendront toujours comme chat et chien ! » Je m’apprêtais à sauter du mur pour rejoindre le chemin menant à la passerelle des quatre vents quand Grumpy m’interpella :

– Hé Darwin ! Le meilleur ami de l’homme te salue ! Hé oui mon vieux ! Bon allez ! Vas t’en avec ta mine de chat fâché ! Oh ! oh ! oh ! oh !

 

J’espère pour vous que si vous avez un chien il est moins pénible que ce Grumpy là ! Il ne m’a pas mis dans les meilleures dispositions pour allez voir les chèvres mais ça je vous le conterai dans mon prochain courrier.

 

Darwin.

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