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Darwin Le Chat
28 décembre 2015

HelloWorld47833

HelloWorld47833 @MnTardy

Bonjour Emmanuel. Noir Pongo Neschococo te souhaite une bonne journée. Noir Pongo Neschococo, le chocolat noir au pur beurre de cacao du Pongo pour les palais raffinés et les portefeuilles blindés. Neschococo, une marque du groupe Nesgill !

 

PM @bubble1trooper

Je me suis arrêté avant la Blatte. Est-ce qu’à ton avis il vaut mieux se faire avaler ou la prendre par derrière ?

 

TroySheamu@pass-card.omc @MnTardy

Monsieur Tardy. En raison de votre récente notoriété j’ai décidé de prendre le temps de vous expliquer pourquoi nous ne pouvons pas répondre favorablement à votre demande. Vos ressources financières, votre pedigree et votre parcours ne satisfont pas aux exigences minimales pour l’obtention de la carte Gold. Tout d’abord il est de mon devoir de vous informer que votre visibilité sociale sur les réseaux avant votre départ était trop restreinte pour ne pas être douteuse. Nous avons dû consulter l’intégralité de vos documents Cloud pour nous faire une meilleure idée de vous. Etant d’extraction modeste vous devez compter avant tout sur vos capacités personnelles et il semble que vous n’avez pas fait montre de grandes facultés de jugement malgré un parcours scolaire honorable mais guère exceptionnel. Vous en êtes sorti sans retard mais avec sur le dos un emprunt à taux variable et échéance fixe qui n’avait rien d’alarmant selon vos projections de revenus futurs et votre crédit power du moment. Débutant dans la vie active à un statut de cadre back-office, votre carrière dans la finance fut extrêmement courte. Certes vous avez en cela l’excuse de la concurrence acharnée des algorithmes et employés nindiens qui a rendu quelque peu caduques les profils tel le votre mais vous auriez dû y voir une occasion rêvée de montrer votre ambition. Pour cela il aurait fallu profiter de vos deux années de salaire confortable pour épargner de quoi démarrer un business. De plus un investissement plus sérieux dans votre travail aurait pu vous éviter de faire partie de la première charrette. Au lieu de cela vous avez dépensé sans compter, notamment en écumant les restaurants de votre ville, et privilégié les loisirs en vous livrant à toutes sortes d’activités ludiques comme le saut à l’élastique ou en parachute, l’escalade, la gymnastique, les jeux vidéo. Lorsque vous avez perdu votre poste vous avez su rebondir rapidement dans un domaine plus ingrat plutôt que de devenir pauvre oisif. Cette position aurait pu vous honorer si elle n’était pas antirationnelle d’un point de vue financier. En effet vous n’avez pas fait valoir vos droits aux indemnités qui à l’époque représentaient encore une part importante de votre salaire et auraient pu vous permettre, là encore, de vous lancer dans les affaires. Pourtant les opportunités ne manquaient pas et nombreux sont ceux de votre génération, celle née avec l’expansion numérique, à avoir fait fortune grâce aux opportunités que celle-ci offrait. Vous avez préféré vous en tenir à une activité salariale. Ayant perdu les deux-tiers de vos revenus antérieurs vous ne vous êtes pas accroché à votre train de vie somptuaire et avez réagi rapidement en vous logeant plus petit et en veillant à rester à flot. Avec un tel état d’esprit vous auriez pu faire de grandes choses mais vous avez visé petit. Votre parcours au sein de la société O’Clean est tout à fait déconcertant. Nous comprenons le besoin d’entrer à bas niveau en raison de la conjoncture du moment mais du manager d’équipes que vous étiez, vous auriez pu rapidement vous élever à un statut sectoriel ou régional si vous en aviez eu l’ambition. Une fois de plus, peu soucieux de cultiver votre réseau professionnel, vous êtes resté en position de premier licenciable. Cependant vous avez échappé à l’éjection pure et dure en imaginant pouvoir rester dans le giron d’O’Clean  grâce à un statut de toto-entrepris exerçant des activités de sous-traitance. Cela aurait pu plaider en votre faveur si vous aviez su vous comporter en réel entrepreneur plutôt qu’en naïf abusé par plus malin que lui ; le simple bénéfice réalisé par votre employeur sur les produits qu’il vous revendait n’est pas digne d’un détenteur de carte OMC. Peu aidé par la conjoncture, la suite de votre parcours n’est qu’une longue descente vers les bas-fonds. Instabilité des taux variables rendant votre emprunt étudiant difficilement soutenable et la suppression des salaires minimums dans la communauté roupienne rendant les statuts de toto-entrepris peu attractifs aux yeux des décideurs. Dans votre malheur le petit répit offert par votre bonus de liquidation de la sécurité sociale est presque anecdotique et ne vous fut pas d’un grand secours. Par contre vous vous êtes révélé très bon agent de surface, suffisamment du moins pour que O’Clean vous donne une nouvelle chance dans un contexte de compression de personnel drastique. Rejeté un peu plus loin du centre ville dans un logement stigmatisant votre nouvelle condition vous vous êtes porté l’an passé candidat au concours organisé par le jeu Red Element. Il n’est pas dans nos intentions de juger des critères de sélections de Red Element ; selon nos propres exigences nous aurions à priori situé vos probabilités de réussite aux environs de zéro ; vous avez été choisi, tant mieux pour vous, cela fait-il de vous un potentiel détenteur de carte OMC Gold ? Tant que vous n’êtes pas millionnaire en doullars la réponse est clairement négative car vous avez fait preuve de trop peu d’esprit capitaliste. Les occasions n’ont pourtant pas manqué et être d’extraction modeste n’est pas une excuse en soi. De tempérament volage vous avez pourtant eu une relation de plusieurs mois avec la dénommée Marine De La Garde qui semblait suffisamment amoureuse pour forcer ses parents à dépasser le peu de capital sympathie qu’ils avaient pour votre capital financier. Capital qui pourtant aurait pu être d’un niveau supérieur si vous aviez su vous montrer plus ambitieux. Vos propres parents possédaient un bien immobilier dans les Alpes qu’ils ont vendu récemment alors qu’il a toutes les chances de prendre de la valeur dans les années à venir selon les projections du marché. Ce bien était constitué partiellement d’espaces inhabitables en l’état qui auraient pu être amplement valorisés s’ils avaient été aménagés à des fins touristiques. Votre esprit communautaire est également douteux, à la limite du délit si on en croit votre attitude lors de l’épidémie de la grippe du hérisson durant laquelle vous n’avez pas répondu aux convocations de votre centre de vaccination. Certes cela vous a sans doute sauvé la vie mais ce n’est pas citoyen pour autant. Malgré toutes ces données en votre défaveur vous pourriez rester éligible à une carte OMC de niveau inférieur au titre des aspects purement financiers. Les montants dont vous vous prévalez n’offrent malheureusement que peu de garanties puisque soumis à résultats. Votre partenariat commercial avec Bison Maudit pourrait vous apporter de cruelles désillusions en raison du régime de pénalités assorti en cas de non respect scrupuleux de votre contrat. Quant au montant promis par Red Element, et qui pourrait vous permettre de rentrer dans la classe des millionnaires en doullars, les possibilités de réalisation du contrat reste fortement hypothétiques. Outre le fait qu’on ne négocie pas de tels contrats en se faisant accompagner par des juristes amenés par la partie adverse, vous faites preuve d’un peu trop d’empressement et la présentation de votre candidature semble pour le moins prématurée. Néanmoins, si vous le désirez, je peux vous mettre sur la liste d’attente des demandes de carte OMC bronze qui est accessible sans parrainage pour la modique somme de 100 000 doullars en cash. Pour les cartes de niveaux supérieurs il vous faudra refaire une demande, le cas échéant, si vous parvenez à des liquidités stables à sept chiffres. Le parrainage de détenteurs permanents serait bien sûr un plus et je vous encourage vivement à travailler votre relationnel auprès des trois personnes qui vous accompagnent, toutes trois détentrices de cartes OMC platine et fortes de vrais réseaux d’influence. Pour l’avancement de votre prochain dossier il serait également souhaitable que vous adhériez à un ou plusieurs clubs en vue ou que vous vous investissiez dans une œuvre de charité.

 

Darwin.

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28 décembre 2015

HelloWorld47832

HelloWorld47832

Bonjour Emmanuel. L’eau de source Diamantine te souhaite une bonne journée. Puisée dans une zone indemne de fracturation hydraulique l’eau de source Diamantine est garantie conforme aux normes roupiennes en matière d’éléments nocifs.

 

Info47832@MnTardy

Après de longues années de conflit et des épisodes de prophéties apocalyptiques récurrents, les combats dans les régions bordant le Pongo semblent devoir se résorber et l’on s’achemine vers un cessez-le-feu généralisé et potentiellement durable. Le secrétaire général de l’ONU a salué les efforts de médiation des autorités nindiennes qui, dépassant le seul horizon de leurs intérêts particuliers, auront sans doute œuvré à éviter l’escalade vers un conflit nucléaire généralisé. Avec les dernières avancées militaires du FPCBR sous influence méricaine et roupienne, les tinois apparaissent largement affaiblis dans la région mais les positions actuelles leur évitent l’humiliation d’une éviction totale. Selon les estimations onusiennes la guerre aurait fait 8.373.000  morts dont 99 % de civils et l’armée méricaine déplore la mort d’un soldat, décédé d’une crise cardiaque alors qu’il était au commande d’un drone bombardier LKD21Z2. Le président méricain a salué la mémoire et le courage du sergent Smith qui a reçu à titre posthume les plus hautes distinctions militaires. Le sergent Smith était connu pour son engagement total, lui qui n’hésitait pas à combattre plus de dix heures de suite sans interruption ; on murmure même qu’il serait décédé dans les toilettes où il avait coutume d’emmener ses instruments de vol. A l’occasion de son décès il est également entré dans le Guiness Book des records en devenant, avec un poids de 212 kilos au matin du drame, le soldat le plus gros mort au combat. Originaire de la ville d’Arlington où l’annonce de sa mort a suscité une vive émotion, il détient encore plusieurs records locaux ou d’état, notamment en matière de jeux vidéos et de concours d’ingestion de pizzas ou de hot dog. En raison des évolutions technologiques le sergent Smith restera sans doute à jamais le digne représentant d’une classe de soldats vouée à disparaître, la quintessence du courage et de l’abnégation occidentale que chaque méricain évoque la main sur le cœur et non sans une certaine nostalgie.

 

PM @bubble1trooper

Je progresse bien même sans le bonnet. Il faut se réhabituer mais la version tactile est franchement pas mal.

 

@PetPetPet

Est-ce que c’est de ma faute si elle est morte ? J’ai expliqué il y a quelques temps comment elle m’avait griffé mais je ne l’ai pas mordue en retour !

 

PM @TravelerCheik

La rue du Prince Salim est hachurée parce que tu ne peux pas y entrer avec un simple Vialy. A défaut d’une OMC Gold il faut que tu payes sur place si tu as la chance de ne pas être fiché indésirable. Ça ne va pas dans les caisses de la municipalité et ils n’en font pas une question d’argent, c’est juste une manière de faire du tri sélectif. Cette rue s’appelait auparavant rue de la République et encore avant, rue Impériale ! Elle a été rachetée y a quatre ans par la holding du prince qui possède aussi beaucoup d’autres biens immobiliers en ville, c’est que des coins pour happy few. Pour traverser la rue du Prince dans le sens de la largeur il y a différents passages souterrains au niveau des stations de métro.

 

PM @ShitDispender2013

C’est de la rumeur à la con ! Même si je devenais Master ils ne pourraient pas se positionner sur un sponsoring car Red Element a l’exclusivité sur l’ensemble de la mission. Je n’aurai donc pas les paramètres bonnet mais je me démerde très bien sans. 

 

Darwin.

28 décembre 2015

Les débuts d'une grande aventure.

Chalut.

 

Dans ce billet je vais vous conter les débuts d’une de mes grandes aventures. Quoique les messages de la tablette ne semblaient pas devoir cesser et que je sois assez casanier, je n’étais pas disposer à veiller leur arrivée toutes les nuits. Tout est question d’opportunité et je ne pouvais pas manquer celle qui s’amena en la personne de Boobi le chat chatteur de chip-chop dont il a déjà été question. Il venait nous convier, moi et Odette pour une entrevue avec un dénommé Grancorpe, rat de son état. Bien sûr je ne fonçai pas tête baissée.

– Un rat ? Que veut-il ce rat là ?

– C’est pas n’importe quel rat, t’as vu ?

– Qu’a-t-il de si spécial ?

– Il a longtemps dirigé la communauté de la presqu’île, t’as vu ? C’est plus lui le boss maintenant mais il a encore du pouvoir.

– Et donc ?

– Il veut te voir ! J’crois qu’il a besoin de conseils puisque t’es chavant.

– Il est vrai que je suis assez chavant. Mais je ne vois pas en quoi mon chavoir pourrait servir les intérêts d’un rat.

– C’est qu’ c’est un peu le souk là d’ssous. Ils finiraient presque à nous foutre les j’ tons.

– Qui ça nous ?

– Moi et mes potos, t’as vu ? C’est nous qu’on est censés foutre les j ’tons aux autres habitants des sous-sols.

– Tout ça est fort intéressant. Mais dis-moi ; si je dois rencontrer ton Grancorpe, devrais-je aller dans les égouts ?

– Ben ça se peut !

– Je suis pas pour. Moi je suis un être aérien vois-tu ? Me faufiler dans des espaces restreints ça ne me dérange pas spécialement mais si c’est humide, sale, que ça pue et que c’est long, là ça me dérange un peu plus.

– Mais ça pue pas !

– Question de nez.

– Autant on peut passer par les caves, les parkings et le métro, mais ça risque de rallonger le parcours.

– J’ai tout mon temps et je suis du genre endurant.

– Ben alors t’es d’accord ?

– Possiblement. La saison est favorable pour une virée souterraine. J’irai si Odette veut bien m’accompagner.

– Oh ! mais faut pas t’en faire ! Moi et mes potos on saura te protéger.

– Là n’est pas la question. Je ne pars pas à l’aventure sans elle.

– Et elle va vouloir ?

– Ça dépend de son humeur.

– Ouais mais j’ lui dis quoi à Grandcorpe moi ?

– Que je viens si Odette vient ! Je te ferai passer le message aujourd’hui ou demain. Ok ?

– Ok ! Ben chalut alors !

– Chalut.

 

La proposition plut assez à notre fée. D’ailleurs elle avoua avoir déjà rencontré Grancorpe dans des circonstances qu’elle ne désira pas me dévoiler : « Ça ne te regarde pas ! » Soit. Rendez-vous fut pris avec Boobi pour le jour suivant, je confiai la garde de la tablette à Burbulle et George sans penser au préalable m’absenter plus d’une nuit. Odette se pointa au rendez-vous dans une tenue très spéciale :

– Ben dis donc ! On dirait Cat Woman. C’est peut-être pas le plus approprié pour aller voir un rat !

– Est-ce que je porte un masque avec des oreilles en pointe ?

– Non mais…

– Chut ! Cette tenue est juste parfaite pour aller dans les égouts !

– On ne va pas dans les égouts, j’ai fait promettre à Boobi d’éviter les endroits sales.

– Parce que tu crois vraiment que sa notion des endroits sales est la même que la tienne ?

– Y a intérêt sinon je reste là !

– Allez ! Fais pas ton précieux ! Tu vas nous mettre en retard !

 

Boobi nous attendait dans la rue Emile Zola, vers une heure du matin, planqué sous une charrette à moteur. Odette a voulu mettre les choses au clair :

– C’est quoi ton plan Boobi ?

– Quel plan ?

– Où est le rencard et par où tu passes ?

Boobi détailla son trajet, ce qui n’eut pas l’air de plaire à la fée :

– Trop étroit pour moi. Je vous attends dans le tube du métro ! Ciao !

– Quoi ? Tu me laisses tomber ?

– Je ne te laisse pas tomber ! Tu suis Boobi et on se retrouve dans dix minutes.

Contraint et forcé de faire confiance au chatteur de chip-chop. Un guide talentueux il faut l’avouer, aussi bien capable de trouver sa voie dans le noir complet que d’apporter de l’éclairage bienvenu en sautant sur des interrupteurs dans des caves. Au bout de trois minutes j’étais déjà incapable de savoir sous quel immeuble je me trouvais. Il fallut sans doute un peu plus de dix minutes pour gagner le métro, cela me sembla long et pénible, l’odeur du déodorant de Boobi m’indisposant passablement. Odette savait apparemment où nous allions déboucher car elle était tout près de là sans pour autant sembler nous attendre vraiment. Elle était occupée à taguer les murs, ce qui intrigua Boobi :

– Ah ! bah ! C’est ton pseudo ça ?

– C’est de la copie Boobi !

– Pourquoi tu signes pas « Odette » ?

– Je me dis que le tagueur qui voit son pseudo dans un endroit où il ne se rappelle pas être allé doit se poser quelques questions. C’est fun !… Tu préfèrerais que je signe Boobi ?

– Ça me déplairait pas.

–  Alors non !… Bon allez ! En route ! Le rat crèche à Perrache !

On est arrivé assez vite à la station Bellecour qu’on escomptait passer le plus rapidement possible quoiqu’elle fut déserte à cette heure. Boobi et moi sommes restés sur la voie mais la gourmandise d’Odette nous ralentit un peu :

– Quelqu’un veut une friandise ? Y a des distributeurs !

– T’as des sous ?

– Con de chat ! T’as toujours pas pigé comment ça marche ?

– Y a des boulettes de viandes ?

– Non ! Que des sucreries !

– Alors sans façon.

– Y a un photomaton aussi ! Ça vous dirait qu’on se fasse une photo ?

– Tu vas nous mettre en retard !

– Et alors ?

Qu’est-ce qu’on pouvait répondre à ça ? On a attendu sagement que la fée finisse par être gavée de chocolat puis on s’est remis en route. Nous marchions dans le tube allant de Bellecour à Ampère, bien éclairés par la lueur d’Odette ; soudain celle-ci commanda un arrêt :

– Stop matous !

– Qu’est-ce qu’il y a ?

– On vient vers nous !

– Quoi ? Qui ça ? Des humains !

– Non ! Quadrupèdes ? Vous ne voyez pas ?

– Non ? Où ça ?

– Là devant tas de myopes ! Rats en vue ! Pas l’air commodes !

– Eh ! merde ! Fallait pas que je vienne sans mes potos, t’as vu !

– Tu crois qu’ils sont hostiles ?

– Aucune idée. Mais c’est peu probable dans ce coin.

– Bougez pas ! Je reviens !

Elle a filé droit vers le danger supposé. On a vu comme une traînée bleue dans son sillage puis deviné des mouvements saccadés de sa part. La connaissant il paraissait vraisemblable que les rats se carapataient. Puis sa lumière s’est approchée sur un rythme de sénateur, arrivée à une vingtaine de mètres nous avons compris qu’elle discutait avec quelqu’un. Ce quelqu’un s’avéra être un genre de rat des champs qui fut pris de stupeur lorsqu’il nous aperçut . Il resta figé sur place et, quoiqu’il était déjà probablement tremblotant avant de nous voir, il fut pris d’une sorte de crise d’épilepsie. Odette croisa les bras avec l’idée d’attendre que ça passe :

– On attend que ça passe !

On attendit. Le rat a fini par articuler quelques sons presque inaudibles :

– Tttttttt…  tu m’as piépié..  tu m’as pié..

– Piégé ? Je t’ai sauvé con de rat ! Respire un bon coup, ça va passer.

On attendit. Le rat s’est calmé un peu et sa colère a pris le pas sur sa peur :

– Non ! Non ! Pas comme ça ! Vous n’avez pas le droit !

– Pas le droit de quoi ?

– De me tuer comme ça ! C’est dégueulasse ! Il fallait le faire d’un coup ! Sans que je vous voie !

– Qui a dit qu’on allait te tuer ?

– Vous n’allez pas me tuer ?

– C’est pas dans notre programme.

– Attendez ! a dit Boobi. Est-ce que j’ai faim ?… Mmm… Pas trop, t’as vu !

– Fallait bouffer quand je vous l’ai proposé ! Là personne ne mange personne ! D’accord ?

– D’accord. a dit le rat.

– C’est pas lui qui va dire le contraire !

– Bon. Comment tu t’appelles toi ?

– Herbert.

– Alors Herbert. Voici Boobi, Darwin, et moi c’est Odette. Dis ! Ça fait pas mal de temps que je n’étais pas venue dans ce coin mais des rats dans ton genre, j’en ai jamais vu dans le métro. D’où tu viens ?  

– Du nord

– De nord de la ville ?

– Du nord-est précisément.

– Tu ressembles à un rat des champs.

– Campagnol ! On dit campagnol ! Je suis un campagnol amphibie !

– Amphibie ? Rien que ça !

– Parfaitement ! Arvicola sapidus tenebricus ! Je suis très rare !

– Tiens donc ?

– Parfaitement !

– T’as traversé le Rhône à la nage alors ?

– Pas du tout. Je suis passé par le métro. C’est un très long voyage dans un environnement très sec. Je vais sûrement mourir d’épuisement si je dois continuer à faire ça. C’est pour ça que je me suis enfui. Vous ne sauriez pas où je pourrais trouver de l’eau ?

– Ça dépend de quelle couleur tu la veux.

– Peu importe. Il me faut de l’eau.

– Avant tout tu dois parler ! Pourquoi dis-tu que tu t’es enfui ? Tu étais prisonnier ? Les rats qui te poursuivaient, que te voulaient-ils ?

– Je ne pensais pas être prisonnier mais quand j’ai dit que j’arrêtais tout, ils ne l’ont pas entendu de cette oreille.

– Arrêter quoi ?

– Ma mission. Je devais emmener une farcie au centre ville.

– Une farcie. C’est quoi donc ?

– C’est un concentré vitaminique. Normalement nous on n’a rien à voir avec ça, ce sont les rats bruns et les campagnols communs qui fabriquent ce truc.

– Ça se présente comment ?

– C’est des graines et des plantes séchées très finement broyées.

– Tiens donc ? Ça me fait penser à quelque chose !

– C’est mélangé avec de la salive de rats bruns, durci, et puis c’est destiné aux rats bruns des villes. Pas tous les rats bruns bien sûr, seulement certains. Mais eux ils ne portent pas la farcie. C’est les autres qui la portent.

– Quels autres ?

– Les autres ! Ceux qui sont forcés de faire ce travail. Des campagnols communs, des rats bruns… et pire encore ! Moi !

– T’es pire qu’un rat brun ?

– Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire !

– Pourquoi tu travailles si tu n’as pas envie de travailler. Prends exemple sur moi ! Trouve une sous-pente, une cheminée et deux ou trois humains sympathiques pour glaner quelque nourriture.

– Mais je ne suis pas un chat !

– Certes mais t’as une bonne gueule de NAC !

– C’est quoi un NAC ?

– Laisse tomber Darwin ! Tu ne piges pas qu’il n’a pas le choix ! Bon, Herbert, comment t’es tu retrouvé dans une telle situation ?

– On m’a dit qu’il y avait ce travail à faire et que la survie du clan en dépendait. Alors je me suis porté volontaire. On m’avait parlé de quelques centaines de mètres peinards, pas de kilomètres dans des tunnels asséchés.

– Cette histoire me semble très étrange. Pourquoi des campagnols amphibie auraient affaire à des rats bruns ? Il nous faut tirer cela au clair ! Justement nous avons rendez-vous avec un éminent rat brun qui apparemment aurait besoin des conseils de Darwin.

– De lui ? S’il n’a pas d’autre conseil que de se la couler douce sur une cheminée alors il n’est d’aucune utilité !

– Ne sois pas désobligeant ! Je suis chavant moi !

– Ça ne se voit pas au premier abord !

– Ça se voit parfaitement ! Certes beaucoup mieux à la lumière du jour. Je réfléchis mieux au grand air !

– Eh ben n’allons pas plus bas alors ! Bon elle est où l’eau que vous m’avez promise ?

– Nous ne t’avons rien promis !

– T’inquiète ! J ‘t’en trouves de l’eau moi, t’as vu ! On n’aura qu’à faire un petit détour.

 

Un petit détour dans un endroit qui pue mais visiblement au goût de Herbert. L’assèchement qu’il devait ressentir était sans doute proportionnel au soudain regain d’énergie qu’il montra en se roulant dans un ruissellement d’eau à la fois sale et savonneuse :

– T’es pas trop mal tombé mais vu que ça dégringole d’un pâté de maison, gare à la prochaine vague de merde !

– Venue d’un chiotte elle serait peut-être meilleure à boire ! Tu vas pas crever si t’avales ça ?

– Attendez-moi deux minutes !

Sur ce,  Herbert s’est engouffré dans un tuyau où je n’aurais même pas osé passer la tête. On a attendu un peu plus de deux minutes en se demandant s’il allait revenir :

– Vous croyez qu’il en a profité pour se faire la malle ?

– Non ! Je l’entends qui revient.

Ragaillardi.

– Y a un filet d’eau fraîche à vingt mètres, si ça vous tente.

– Non merci ! Pas soif. On  va pouvoir y aller ? Le temps passe !

 

On s’est enfin dirigés vers Perrache sans plus rencontrer grand monde. De temps en temps une ombre fugace, sans doute celle d’un rat détalant à la vue d’Odette la lumineuse. J’ignore comment fait Boobi pour trouver son chemin dans les sous-sols de Lyon, surtout quand il n’y a pas Odette à ses côtés. Nous sommes apparemment allés jusqu’à l’échangeur après avoir quitté le métro en amont de la station où Odette nous abandonna encore un temps prétextant ne pas vouloir se glisser dans un tunnel qui montait de manière assez abrupte. Sans doute un tunnel creusé par des rats, mais assez large et sec. Se retrouver dans le noir complet quand on est censé avancer au cœur d’un environnement inconnu est une sensation vraiment désagréable qu’Odette ne peut pas connaître. Cependant magnanime, elle ne traîna pas en route et fut à l’autre bout du tunnel avant nous, une lueur bienvenue. Nous débouchâmes sur une sorte de plate-forme bétonnée qui surplombait un tunnel routier. Le passage par lequel nous étions passé avait été, sur sa partie finale, réellement creusé dans le béton et je ne pus m’empêcher d’admirer l’ampleur du travail (sans doute réalisé à coups de dents) tout en trouvant le procédé passablement dangereux pour la solidité de ma bonne ville de Lyon. Boobi déclara qu’on été arrivés :

–  On doit l’attendre ici ! De toute façon impossible d’aller plus loin, t’as vu !

Une vraie souricière  à vrai dire. Il y avait bien une gaine métallique passant à un mètre au-dessus de nous mais, si c’était potentiellement un point d’arrivée pour un bataillon de rats, difficile pour un chat, même aussi agile que je le suis, d’envisager se balader là-dessus. Je ne voulus pas laisser trop transparaître ma nervosité :

– Je pense qu’il est déjà parti. Vous m’avez mis en retard voilà tout. On rentre ?

– Il n’est pas encore venu, t’as vu ! Il a ses guetteurs.

Effectivement, sans doute renseigné de notre arrivée, le fameux Grancorpe, un gros rat brun ayant dépassé la limite de péremption, arriva sur la plate-forme quelques minutes après nous. Il avait emprunté le même tunnel que nous et fut précédé de deux gardes du corps aussi gros que lui mais eux en pleine possession de leurs moyens physiques. S’il avait fallu se défendre j’aurais moi-même hésité pour choisir lequel attaquer le premier. Ce d’autant plus que je devinai de l’agitation sur la gaine métallique, probablement d’autres gardes. On se toisa longuement avant que Grancorpe ne prenne la parole :

– Ainsi c’est toi le fameux Darwin.

– En poil et en os.

– C’est surtout ce qu’il y a dessous qui m’intéresse, chat… chavant ?

– On le dit.

– Bien. Avant tout chose j’aimerais savoir ce que ce campagnol fait avec vous.

– Il était poursuivi par tes sbires ! Odette les a mis en déroute.

– Ah ! la fée Odette ! Toujours défenseuse de la veuve et de l’orphelin ?

– Ouais ! Et défonceuse de ta gueule de rat, si ça te pose un problème !

– Non non. Aucun problème. Mais si Darwin pense que ce sont mes sbires qui poursuivent leurs congénères ou les campagnols dans les tunnels, il se trompe totalement. Croyez bien que je déplore cette situation et c’est même un peu la raison pour laquelle je vous ai conviés. Notre société va mal.

– Sommes-nous tenus de prendre cela comme une mauvaise nouvelle ?

– Peut-être bien. Votre condition n’est pas si étrangère à la notre. Avec vous, chats de gouttières, n’avons-nous pas vécu en relative bonne entente ? N’êtes vous pas contents de nous trouver pour faire des trous ? N’avons nous pas délaissé les toits à votre profit ?

– C’est un fait.

– Alors ne veux-tu pas entendre ce que j’ai à te dire ?

– Oh ! mais je veux bien. Dans un endroit un peu moins glauque si possible.

 

Il faudra donc que je vous conte la suite de cette aventure mais mes prochaines communications concerneront probablement l’actualité des humains ainsi que les messages de la tablette.

 

Darwin

Darwin Le Chat
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