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Darwin Le Chat
1 novembre 2020

Un pigiste sur le toit

Chalut

Jusqu’alors je n’ai pas pris le temps de vous parler d’un nouvel habitant de notre bloc. C’est un type qui semble avoir la quarantaine bien tassée et qui est arrivé début septembre dans un petit appartement avec Velux. Or, si j’en crois ce qu’il dit, cet homme vivait auparavant sur le très grand bloc et il a déménagé ici plus par force que par choix. La première fois que je l’ai vu ma surprise fut assez grande parce que c’est lui qui m’a interpellé :
– Qu’est-ce tu fous là Darwin Le Chat ?
Comprenez bien que je me suis arrêté tout net. J’osais à peine me retourner vers lui mais au bout de quelques secondes j’ai bien été obligé de le faire. Lui a continué à me parler :
– Je t’ai déjà vu souvent de l’autre côté de la rue. Comment fais-tu pour passer d’un toit à l’autre ? J’ai longtemps habité là-bas figure-toi. J’étais bien et c’était très en dessous du prix de marché. Ça c’était avant. Avant que mon proprio ne casse sa pipe et que ses ayant-droit ne revendent au prix fort. Voilà tout ce que j’ai trouvé pour rester dans le quartier. Treize mètres carrés Carrez ! C’est moitié moins que ce que j’avais avant. Mais y a plus en fait ! C’est l’avantage d’être sous le toit. J’ai pu mettre tout mon bazar dans des cartons, il va y rester. Finalement j’ai moins de regrets que je ne le pensais de prime abord. De toute façon là-bas c’était devenu difficilement vivable. Ce salopard de proprio voisin avait changé son appart en airbnb. La chienlit ! Airbnb c’est vraiment la chienlit !

Après ce premier contact très étonnant j’ai appris que ce type n’était pas un humain doué d’un don particulier. Il n’est pas tombé non plus sur Darwin par pur hasard. Odette m’a avoué lui avoir suggéré que je m’appelais comme ça. Si vous vous réveillez un jour avec une idée fixe en tête, c’est peut-être le signe qu’une fée vous a susurré quelque chose à l’oreille. La chose la plus intéressante avec cet individu, qui lui se prénomme comme le président de la république, c’est qu’il a été, entre autres choses, pigiste au Coincoin du coin. Il semble en avoir gardé un souvenir prégnant et comme c’est un sacré bavard, j’ai déjà eu l’occasion deux fois de me poser tranquillement sur le toit pour écouter ce qu’il avait à me dire. La dernière fois c’était ce samedi 31 octobre, un excellent samedi 31 octobre qui, en temps ordinaire, aurait vu les rues envahies d’humains vilainement déguisés et excités comme des puces. Rien de tout ça en période de confinement, donc j’étais d’excellente humeur et assez disposé à écouter cet Emmanuel.
– Tu vois Darwin ? Je n’ose plus trop m’exprimer sur le net mais j’ai encore des choses à dire alors j’écris encore. Si t’as un peu de temps devant toi…

Je n’étais pas pressé.

– …je vais te faire la lecture. Si ça te saoule t’auras qu’à te barrer.

Je risquais pas de me gêner.

– Alors voilà. J’ai pas mal bataillé au Coincoin du coin pour leur faire admettre que j’avais de grands talents de journalistes. Vingt ans de bons et loyaux services. N’étant que pigiste, j’ai toujours été dans l’obligation d’avoir une activité, entre guillemets, alimentaire. En fait, sans me vanter, je fais tout de matière très professionnelle. J’étais à la fois investi dans mes activités de pigiste et dans mon travail salarié. J’aurais bien voulu être journaliste à temps plein et pouvoir en vivre, au Coincoin du coin ils étaient forts en idées mais pas pressés de les mettre eux-mêmes en pratique. Je crois que j’aurais pu attendre longtemps !… Maintenant je suis tricard. Aucun journal ne va prendre quelqu’un comme moi passé par le Coincoin du coin. Du coup c’est pas plus mal d’avoir été forcé à un parcours de salarié ordinaire. Et je m’en sors pas mal, Darwin. Mon domaine c’est la logistique. Quand on me demande ce que je fais, je réponds que je suis cadre-manutentionnaire. En réalité je ne suis ni cadre ni manutentionnaire mais c’est le terme qui me semble le mieux approprié. Toujours est-il que cette interdiction du Coincoin du coin m’a bien mis les boules. Tu sais que j’ai vraiment été en phase avec la ligne éditoriale. Le plus dommage c’est qu’on n’ait pas pu publier l’intégralité de l’article de fond de D. Lepou. Même si mon nom n’aurait pas été cité, j’y avais largement participé. L’aventure s’est terminée à la fin du confinement et maintenant nous voilà reconfinés. Mais est-ce que la situation nous donne raison Darwin ? L’honnêteté devrait nous conduire à dire qu’on n’avait ni tort ni raison. La vérité c’est que le temps pourrait nous donner raison a posteriori. Avoir raison a posteriori ce n’est pas avoir raison. Grosso modo on a dit qu’il fallait laisser le virus se diffuser dans la population active et les scolaires, hormis pour les cas de comorbidité présumée. Mais concrètement cela signifiait qu’on devait trouver le moyen de protéger tous les autres, ce qui en première approximation appelait un confinement de ces personnes. Je n’ai pas vraiment le souvenir d’avoir entendu Macron envisager cette possibilité au printemps, peut-être qu’il l’a fait. Ce qui est certain c’est qu’il l’a évoquée ce mercredi lors de son annonce du second confinement. Mais c’était surtout pour balayer l’hypothèse. Impraticable selon lui, notamment parce que nos aînés ont souvent besoin d’assistance ou parce qu’ils vivent entourés de plus jeunes. Je trouve l’explication un peu courte. Tu ne trouves pas Darwin ?

J’ai pas vraiment d’avis sur la question faute d’y avoir songé.

– Écoute ! Qu’il y ait des personnes âgées vivant au contact de plus jeunes, c’est nécessairement vrai. Mais on est en droit de penser qu’au niveau familial, c’est tout de même devenu assez minoritaire. Et surtout, pour ceux qui vivent effectivement chez leurs enfants et petits enfants, si on imagine bien l’efficacité que pouvait avoir le drastique confinement du printemps, les modalités de celui-ci, avec des enfants allant encore à l’école et plus de personnes restant en poste, il faudra bien garder le moyen de protéger les aînés de ces familles. Et c’est exactement la même chose dans les établissements spécialisés. Laisser rentrer les proches c’est exposer les pensionnaires, ne pas les laisser rentrer semble être considéré comme inhumain. Dit autrement, refuser à une personne proche de la fin ce qui pourrait être sa dernière visite, tout le monde est d’accord pour juger cela odieux ; mais admettre une visite c’est prendre le risque de rendre la fin plus proche encore. Voilà un des nombreux problèmes insolubles auquel ce virus nous confronte. De toute façon on ne peut pas enfermer le personnel soignant avec les pensionnaires, donc ce personnel retrouve ses enfants qui eux vont à l’école. Là où un confinement très strict a eu des résultats incontestables pour freiner la propagation du virus, ce confinement montrera des limites qui, selon la logique du gouvernement, l’obligera à le durcir à nouveau. En laissant les enfants à l’école et en tablant principalement sur la fermeture de commerces et de lieux de sociabilité, quoiqu’il s’en défende, Macron a promulgué un confinement ciblé. Dans ces conditions il n’est pas audible lorsqu’il balaye d’un revers de la main l’idée d’un confinement orienté vers les personnes à risque. Le fait qu’il l’ait évoqué durant son intervention laisse cependant entendre que c’est une idée qui a fait son chemin dans les sphères du pouvoir, notamment, j’imagine, dans les cercles patronaux. Personne ne dira que le Coincoin du coin a défendu une position patronale, sinon il aurait pignon sur rue et n’aurait pas été interdit. Nous avons défendu la ligne économique non pas pour sauver les dividendes des patrons mais par certitude que la crise ferait de toute façon bien plus de dégâts chez les pauvres que chez les riches. L’avenir ne nous donnera pas tort là-dessus, à moins de considérer comme riche la frange des petits entrepreneurs qui en sortiront ruinés. Certes beaucoup n’étaient pas pauvres, mais j’espère que cela leur ouvrira les yeux, il y a un tel écart entre eux et ceux qui tiennent les cordons de la bourse que la divergence de point de vue politique avec le Medef devrait être un peu plus flagrante. D’un certain point de vue on peut dire que le gouvernement a suivi une ligne plutôt progressiste visant d’abord à sauver un maximum de gens possibles plutôt que l’économie, tout l’inverse des administrations de Trump ou Bolsonaro. De ce point de vue on peut estimer que la Chine aussi a adopté cette ligne progressiste puisqu’elle a tout fait pour éviter la propagation du virus. Et la façon la plus radicale d’y parvenir c’était bien le confinement dur, confinement qui sauve des vies mais qui remet à la fois en cause la liberté individuelle et la liberté d’entreprendre. Il est assez facile de voir en quoi toutes les passions sont exacerbées, pourquoi des gens ayant tant haï BHL finissent par se trouver un point d’accord avec lui, pourquoi le Coincoin du coin a défendu une ligne que certains grands patrons n’auraient pas reniée. Une même ligne mais pas pour les mêmes intérêts. Cette crise est extraordinaire au regard des dernières décennies mais on ne peut pas pour autant faire comme si elle avait surgi de nulle-part telle une armée extraterrestre. Si certains, et j’en ai fait partie, ce sont sentis agressés par la violence du confinement, est-ce parce qu’on nous a trop habitués à l’idée de liberté ? Peut-être. Mais peut-être l’aurais-je mieux vécu si cette décision ne venait pas d’un gouvernement qui, suivant la voie tracée par ses prédécesseurs, n’avait pas prouvé depuis trois ans que toute contestation serait combattue à grand renfort de déploiement de CRS. Pour moi il est incontestable que la liberté de pensée et les possibilités de contester l’ordre établi ont connu un net recul ces derniers temps et que cette tendance est une tendance de fond à l’œuvre aux quatre coins du monde. Dans un tel contexte la privation de liberté n’est pas une mince affaire et elle est encore moins acceptable dans un régime démocratique où les décisions finales semblent ressortir d’un seul homme n’ayant guère la confiance d’un peuple qui l’a élu plus par défaut que par choix. Maintenant nous devrons aussi admettre lui avoir fait de mauvais procès si un jour nos positions deviennent majoritaires a posteriori. « On aurait dû faire comme ils disaient au Coincoin du coin. » Ce que je reproche c’est de ne pas l’avoir réellement envisagé, surtout en cet automne puisqu’au printemps on n’avait même pas de quoi protéger les simples personnes à risque. Même en tendant à limiter les contacts, il fallait des masques pour toutes les personnes à risque et celles devant leur venir en aide, ce qui fait déjà une part conséquente de la population. Mais dire qu’il faut laisser le virus circuler dans l’autre partie de la population c’est assumer des risques pour lesquelles les données scientifiques manquaient. Ceux qui ont toujours défendu la mise en place des mesures les plus strictes possibles et qui ont réclamé le plus tôt le confinement, par exemple le milieu hospitalier qui semblait gouverner la France au printemps, ceux-là ne manquent aucune occasion d’y trouver une justification au-delà du secours mutuel que nous nous devons en tant que citoyens toutes générations confondues. Chaque effet secondaire subi par des personnes qui contractent le covid sans en mourir génère beaucoup de publicité. Le Coincoin du coin se fendit même d’un article disant qu’il allait peut-être changer son fusil d’épaule une fois qu’on eut établi l’étrange mal aux pieds que de nombreux enfants avaient eu suite au covid. Et réellement ce mal existe. Tout comme existe cette grande fatigue durable que bien des contaminés connaissent, et, plus flippant sans doute, ce marqueur très fréquent de la maladie : la perte du goût et de l’odorat. À ma connaissance je n’ai pas encore eu le covid mais dans ma vie j’ai connu deux épisodes de perte du goût et de l’odorat. Crois-moi Darwin ! Il paraît que vous les chats vous avez du pif ! Eh bien si un jour tu perds ce sens-là, tu seras vraiment heureux de le retrouver. Donc le covid-19 génère de nombreux effets secondaires. La question est de savoir dans quelle proportion, combien de personnes garderont des séquelles et à partir de quel niveau cela devient socialement inacceptable. En tant qu’individu je dirai peut-être... 1 ? Imaginons que demain j’attrape le covid et que ma punition soit de finir ma vie sans goût et sans odorat. Il est assez possible que je dise à qui veut m’entendre : « Regardez-moi ! J’ai critiqué Macron qui voulait empêcher le virus de circuler au prix de ma liberté. Maintenant ma vie est bien fade, c’est lui qui avait raison ! » Pire encore. Si on avait choisi une stratégie visant une forme d’immunité collective, il ne se serait pas seulement agi d’isoler les personnes à risque, il aurait aussi fallu faire en sorte que les autres ne se protègent pas entre elles. Sauf à considérer que la situation puisse s’éterniser et que les personnes à risque soient sous une contrainte durant des années, l’immunité collective aurait dû se faire le plus rapidement possible. L’inconvénient d’un R0 pouvant monter au-delà de 3 devenait en ce sens un gros avantage, en laissant filer le virus toute la population exposée l’aurait contractée en quelques mois. À supposer que nous ayons été vraiment capables d’empêcher celle à risque de le contracter aussi, seule manière d’empêcher l’engorgement des hôpitaux et de sauver des vies, nous aurions dû nous attendre à avoir de nombreux morts dans la population jugée préalablement sans risques. Dans le lot il y aurait eu des personnes assez jeunes voire des enfants. Je mets au défi n’importe quel parent manifestant aujourd’hui contre le port du masque et le confinement de penser la même chose si son enfant mourrait du covid-19. T’es pas d’accord Darwin ?

Pour le coup, cela me semblait être une opinion assez sensée.

– Cela dit j’ai coutume de dire qu’on ne légifère pas sur la peine de mort en demandant leur avis à ceux qui ont eu un proche assassiné. Ce que je veux dire c’est qu’on a tendance à brandir des chiffres à tort et à travers pour justifier sa position. Pour moi la perte de l’odorat reste très majoritairement temporaire quoiqu’on en dise. S’il y avait tant de personnes qui s’en trouvaient durablement affecté, les terrasses des cafés se seraient vidées d’elles-mêmes et cette maladie serait bien plus facile à circonscrire. D’ailleurs il n’y a pas trente-six chemins, soit nous allons vers une solution médicale qui arrêtera cette maladie, soit elle continue de se diffuser chez ceux qui ne pourront s’en prémunir, jusqu’à atteindre une immunité collective ou jusqu’à devenir moins dangereuse ou plus dangereuse, soit elle se met à faire si peur qu’il n’y aura besoin d’aucun spot publicitaire pour faire comprendre que les gestes barrières doivent être appliqués de manière drastique et les contacts limités au maximum. Aux dernières nouvelles personne n’a trouvé de traitement contre la peste mais si elle revenait, gageons qu’il faudrait réquisitionner les gens chez eux pour continuer à garder l’activité minimale nécessaire à notre survie. Là l’état fasciste ne serait pas celui qui enferme les gens chez eux mais celui qui les en sort. Pour l’heure les chercheurs ont beau dire qu’on n’en est qu’aux débuts de nos surprises concernant les effets secondaires de cette maladie, notamment les effets sur le cerveau, cela ne suffit pas à convaincre la jeunesse de sacrifier ses meilleures années en termes de relations sociales, et cela ne suffit même pas à convaincre les plus vieux de renoncer au plaisir d’un repas au restaurant entre amis. Pas convaincus ils sont contraints par les décisions de l’exécutif et certains s’en émeuvent comme nous nous en sommes beaucoup émus en mars dernier. Je ne sais pas si personnellement j’ai mis de l’eau dans mon vin. Je pense encore qu’au regard des connaissances dont on disposait le confinement ciblé aurait été la bonne solution, une solution intermédiaire entre le relatif laisser-aller des Suédois et celle des autres pays d’Europe. Au regard des moyens dont on disposait et particulièrement l’absence de masques, c’était sans doute impossible. Est-ce que Macron était responsable de l’absence de moyens ? Oui ! 100 fois oui ! Si c’était un gouvernement élu sur un programme de retour en force de l’action publique, ayant la volonté de mettre un terme à la casse de l’hôpital et de la sécurité sociale, il pourrait arguer qu’il n’a pas encore eu le temps pour agir pleinement. Mais quand on est le digne héritier, pour ne pas dire le Nec Plus Ultra de la privatisation rampante, de l’absence de stratégie collective sous prétexte de modernité, quand on a été ministre de l’économie avant d’être élu président, on est mouillé jusqu’au cou et on n’a aucune excuse. La difficulté d’avoir de la cohérence ou de la constance dans notre opinion face à cette maladie atteint même les plus légitimes pour en parler. J’en veux pour preuve une interview d’Axel Kahn, généticien, président de la ligue contre le cancer et accessoirement philosophe inaccessible aux non-initiés. Le 11 septembre 2020 sur LCI, il fait état de choses qui me semblent tout à fait justes et rappelle que les masques et les gestes barrières sont efficaces. Je pense comme lui que les contaminations ont largement eu lieu dans les endroits où tous ces gestes barrières n’avaient pas cours, notamment dans les bars, les restaurants où, par force, le port du masque est difficile, mais aussi dans les soirées privées que bien des personnes ont organisées, les vacances en famille, donc tout ce que le confinement n’autorisait pas. Ce jour-là, peut-être parce que tous les étudiants n’étaient pas encore rentrés, il n’a pas cité les endroits où l’on porte le masque, tels les transports en commun, les bancs du secondaire, du supérieur, son propos étant de faire comprendre que le masque, s’il est bien porté, est efficace, certes pas à 100 %. Pour ma part je pense que le masque, souvent mal porté, parfois même récupéré dans une poubelle pour pouvoir monter dans le bus, j’en ai vu Darwin, a été insuffisant dans les espaces trop denses y compris les bancs des universités où la distanciation est un vœu pieu. Donc le virus s’est diffusé et Axel Kahn a eu raison de monter rapidement au créneau pour contrecarrer ceux, refusant toute nouvelle mesure de contrainte, laissaient croire qu’il n’y aurait pas de seconde vague. Mais dans son intervention Kahn dit que le virus est naturellement passé d’une population sans risque qui, lassée du confinement, a voulu reprendre une vie normale, aux personnes à risque de leur entourage. Et ce sont ces personnes-là qui arrivaient déjà début septembre dans les services d’urgence et qui annoncaient le besoin de nouvelles restrictions. Mais dans les premières minutes Axel Kahn dit qu’en mai il s’est opposé au conseil scientifique qui voulait déconfiner tout le monde sauf les personnes fragiles (18 millions de personnes). Puis Kahn dit exactement ceci : « Je suis monté au rideau, effectivement ce n’était pas constitutionnel et j’ai eu gain de cause en 48h. Et en réalité ce qui se passe montre combien j’avais raison, ce ne sont pas les personnes fragiles qui ont été contaminées, car elles, elles se sont protégées. Ce sont les autres ! Et voyez combien il aurait été totalement absurde de ne pas déconfiner ces personnes. » La journaliste lui répond : « Elles n’ont pas été contaminées.. elles ont été en première ligne des décès. » « Oui mais, en mars. Mais lors de l’épisode actuel, la raison pour laquelle il y a eu une disjonction entre l’augmentation des contaminations et les entrées à l’hôpital est que les gens qui ont été contaminés, ce sont les jeunes et les jeunes adultes. » Tu vois Darwin ? On peut tout de même soupçonner que comme tout un chacun, Axel Kahn a un regard sur la situation qui n’est pas totalement indépendant de sa propre identité, il est né en 1944, donc ce conseil du conseil scientifique qui épousait à retardement les positions du Coincoin du coin, il est possible qu’il s’en soit trouvé ému un peu trop personnellement. Lorsqu’il dit que les personnes à fragiles n’ont pas été contaminées puisqu’elles se sont protégées, moi j’ose prétendre qu’elles ont surtout été protégées par le confinement. Ensuite elles sont peut-être plus enclines à porter le masque vu qu’elles savent ce qu’elles risquent. Effectivement on comprend bien que plus il y a de porteurs du virus, plus les possibilités de le contracter sont grandes. Mais dire :« Elles, elles se sont protégées. », c’est assez vite dit. Dans les faits se sont toujours elles qui finissent le plus souvent dans les services d’urgence, soit parce que malgré leurs efforts elles n’arrivent plus à se protéger devant un virus bien plus présent, soit parce qu’en réalité elles ont fait comme les jeunes et ont repris une vie normale. Et j’ose croire qu’il y a de tout ! Depuis deux mois je suis masqué en permanence en présence d’autres personnes, sauf les chats, et je n’ai cessé de croiser des anciens qui semblaient prendre les choses bien plus à la légère. Donc sur ce point je ne crois pas que ce grand monsieur puisse prouver ce qu’il a avancé et en rien cela ne lui donne raison contre l’avis du conseil scientifique du mois de mai. Pour une personne fragile la meilleure façon de se protéger, cela reste de se confiner. Voilà exactement le résumé de cette année. J’entends des interviews de personnes très intéressantes qui disent à deux phrases de distances une chose sur laquelle je suis en total accord et une autre en total désaccord. Grâce à Axel Kahn j’apprends qu’un confinement ciblé est anticonstitutionnel, j’aurais aimé connaître la constitutionnalité d’un confinement qui fait télétravailler certains, force les autres au chômage technique, envoie des personnes fragiles au travail parce que leur métier est jugé indispensable, laisse les autoentrepreneurs sur le carreau, envoie les gamins à l’école... Alors Darwin, moi je reste sur mes idées de départ non parce que je suis borné mais parce que tout ce qui était présent dans la balance en mars et tout ce qui y a été rajouté ne l’a pas fait pencher de l’autre côté. Seuls certains pays dont la Chine semblent avoir su contenir la maladie. On s’est beaucoup trop souvent émus des tendances totalitaires des Chinois pour prendre ce pays en modèle, mais le fait est qu’il ne semble pas avoir contraint sa population beaucoup plus que les démocraties occidentales. Le confinement nous faisait horreur, on l’a fait ! Mais la Chine avait l’avantage d’être l’usine du monde, elle avait les masques, et s’il est un pays où la stratégie « tester, tracer, isoler » a été parfaitement mise en œuvre c’est celui-là. À cette échelle c’est assez remarquable mais attendons encore un peu avant de faire un bilan définitif. Maintenant Darwin tu me diras qu’au Coincoin on a beaucoup émis l’idée d’un confinement ciblé mais qu’on n’a jamais donné le début d’une piste concernant sa mise en œuvre. Le centre du problème concerne les personnes fragiles qui vivent avec des personnes continuant d’aller et venir comme si de rien n’était. Je n’ai aucune solution sinon celle des gestes barrières, ce qu’on fait pour tout un chacun, a fortiori on doit pouvoir le faire pour ceux qu’on aime. D’ailleurs la protection des personnes fragiles ce n’est pas nécessairement la mise à l’écart tandis que les autres vivent comme si de rien n’était. On peut imaginer plein de choses comme des créneaux horaires réservés à cette population dans les commerces. Le personnel de ces enseignes appliquerait les gestes barrières durant ces créneaux. Puisqu’une telle démarche est impossible durant les transports en commun, l’état aurait pu mettre en place un système de VTC quand la nécessité de se déplacer se fait sentir. Il y a plein de choses qui auraient pu se faire avec des moyens financiers mais ceux-là n’auraient jamais dépassé le coût d’un confinement généralisé. Mais pour d’autres choses ce qui est valable lors d’un confinement généralisé reste valable pour un confinement ciblé, à cela près que le virus étant bien plus présent, il faut redoubler d’efforts. Tu vois Darwin ? Arrêter cette saloperie c’était peut-être pas impossible à condition que la population le veuille vraiment, le laisser filer c’eut été dramatique, le freiner plus ou moins au gré des saisons en attendant un traitement c’était peut-être la solution si le traitement était arrivé vite. Mais un jour le vaccin est pour demain, le lendemain le doute quant à un vaccin prochain et efficace est sur toutes les bouches. Ce qui est sûr c’est qu’on a mis tous nos œufs dans le même panier et le connard qui le porte continue à gambader en chantant que demain ne sera pas comme hier mais qu’il faudra tout faire comme avant. Surtout ne changeons rien ! On va crever Darwin ! Probablement pas du covid mais d’avarice ! C’est un autre débat. Je t’en causerai à l’occasion, je commence à me les geler. Chalut !

Ah ben oui, ben chalut alors !

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