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Darwin Le Chat
26 mars 2017

Alpha-M.48104

Chalut.

 

Voici la retranscription d’un message de la tablette qui ne nous avance guère. On y découvre l’existence de nouveaux personnages dont on n’avait jamais entendu parler jusque-là mais il semblerait que plus il y a de personnages, moins on y voit clair. Il semble cependant que l’on retrouve presque à chaque fois ce dénommé Emmanuel. Est-il le héros de l’histoire ? Il n’a pourtant pas l’air très à son avantage.

 

Alpha-M.48104.Local.12.16.897 

 

– Ecoute ! J’hésite encore.

– Pourtant tu semblais certain tout à l’heure.

– Oui mais je n’ai pas l’autorisation.

– Tu n’as pas l’interdiction non plus.

– Je sais mais j’ai peur que cela m’attire des ennuis.

– Si ce n’est que cela, ça peut aussi bien rester entre nous.

– C’est possible ça ?

– Certainement. Je te fais confiance n’est-ce pas ?

– Est-ce que moi je peux te faire confiance ?

– Emmanuel. Depuis quand cette combinaison est ici ?

– Je l’ignore.

– Elle est arrivée un mois avant toi. Elle est à ta taille. C’est ta combinaison. Est-ce que tu comprends ?

– Comprendre quoi ?

– Que c’est un prétexte.

– Pourquoi font-ils ça ?

– Car ta présence est au mieux superflue et au pire gênante.

– Je ne demande pas à aller là où ils vont. Je veux seulement réaliser les captures. Moi aussi j’ai un travail à faire.

– Oui mais pour cela il te faut la combinaison Red Element.

– Malheureusement.

– Un oubli fâcheux.

– Un contretemps qui risque de me coûter cher.

– Ne t’en fais pas trop pour cela. Un oubli fâcheux mais pas pour tout le monde.

– Que veux-tu dire ?

– Crois-tu que Olga, Junior et Daryl ignorent la présence de la combinaison ?

– Je ne sais pas. Pourquoi me mentiraient-ils ?

– Pour la même raison que leurs commanditaires auraient pu arranger l’oubli du fret Red Element.

– Tu crois que c’est un oubli volontaire ?

– C’est possible.

– Non je ne crois pas ! Red Element pourrait prétendre à des dommages et intérêts gigantesques.

– Red Element pèse peu dans la balance.

– Bien sûr que si !

– Emmanuel. Ce qui ce joue ici vaut des milliers de fois les sommes mises en jeu par Red Element. Occupe-toi de tes propres intérêts.

– Où veux-tu en venir ?

– Emmanuel. Tu peux choisir de passer les deux prochaines heures comme tu as passé les milles dernières ou bien enfiler cette combinaison, prendre du bon temps, revenir et faire comme si rien ne s’était passé.

– Je ne peux pas faire ça ! Si je sors je ne pourrai pas faire comme si je n’étais pas sorti.

– Pourquoi ?

– Parce que tout est enregistré et transmis.

– Si on veut.

– Comment ça si on veut ?

– On transmet ce qu’on veut et si on veut.

– Qui ça on ?

– Toi et moi puisqu’on se fait confiance.

– …

– Alors ? Que choisis-tu ?

– J’hésite encore et ce que tu viens de me dire ne m’aide pas beaucoup.

– Pourquoi ?

– Si je sors. Qu’est-ce qui me dit que je pourrai rentrer ?

– Pourquoi tu ne pourrais par rentrer ? Tu as peur de sortir tout seul, c’est cela ?

– Non mais…

– Sinon Mathieu peut t’accompagner… Oui, Mathieu peut t’accompagner et Paula aussi. A eux deux ils te porteront facilement si tu as un malaise.

– Je n’ai pas peur d’avoir un malaise. Je me sens en pleine forme !

– Quel est le problème alors ?

– Je n’ai pas les passes !

– Quand bien même tu les aurais…

– Tu me fais un peu peur Rhésus.

– Je croyais qu’on se faisait confiance.

– Oui mais… pendant quarante jours tu as fait comme si je n’existais pas et maintenant…

– Oui ?

– Ils ne m’ont pas dit que tu étais comme ça.

– Comme quoi ?

– Si… Enfin, tu vois ?

– Je vois. Veux-tu sortir Emmanuel ? Sinon nous rangeons la combinaison et nous n’en parlons plus.

– Je veux sortir mais je ne veux pas rester coincé dehors.

– Si tu restes coincé dehors tu mourras faute d’oxygène, tout simplement.

– C’est bien ce qui me fait peur !

– Tu pourrais tout aussi bien manquer d’oxygène à l’intérieur.

– …

– Est-ce que Mathieu doit ranger la combinaison ?

– Non je… Je vais sortir… Tu as raison ! Je vais sortir ! 

– Très bien. Et nous nous faisons confiance. Tout cela restera entre nous.

– Mais Mathieu et Paula ?

– Tout cela restera entre nous.

 

 

Alpha-M.48104.Local.13.06.383

 

– Emmanuel ?

– Oui ?

– Il faut que tu rentres !

– Quoi ? Déjà ?

– Olga vient de demander un retour rapide sur son MQS. D’après mes calculs il faudrait que tu rentres rapidement.

– Ah ? Bon d’accord.

– Il faut que tu courres en fait !

– Ah d’accord ! Je vais faire le plus vite possible.

– Il y a un sas à 200 mètres à droite, tu pourras rentrer par-là.

– D’accord ! J’y vais !

– Il est à droite.

– Oui j’imagine bien.

– Tu es parti à gauche.

– Mais tu m’as dit…

– Tu dois rebrousser chemin.

– D’accord.

– Le sas sera sur ta droite. 

– Oui j’ai compris !

– Peux-tu courir plus vite ?

– Je fais de mon mieux ! Tu crois que je…

 

 

Alpha-M.48105.Local.00.05.912 

 

– Rhésus !

– …

– Rhésus !

– Oui Emmanuel ?

– J’ai fait un cauchemar !

– Ce n’est rien. C’est sans doute lié à ta chute.

– Non ce n’est pas ça ! C’est à cause des traces !

– Quelles traces ?

– Mes traces de pas !

– Ne t’en fais pas Emmanuel. Ils ne pensent qu’aux zones de forages. Personne ne va aller par-là.

– Mais si jamais… Qu’est-ce que je dois dire ?

– Ne t’en fais pas Emmanuel. Il y aura bientôt une nouvelle tempête.

 

Darwin

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25 mars 2017

Rats d'art et d'acier

Chalut.

 

J’ignore combien de temps dura la sieste que nous fîmes dans la cave de Odette. Au réveil je fis connaître mon envie de prendre un peu l’air mais Odette suggéra d’attendre la tombée de la nuit. Je n’étais personnellement par contre le fait de voir la lumière du jour :

– N’y a-t-il pas dans le quartier un coin avec un peu de verdure à l’abri des allers et venues des chiens ?

– Ce quartier est fâché avec la verdure Darwin ! Faudrait pousser jusqu’à Carnot mais c’est justement infesté de clébards ! Ou sinon on se fraye un chemin jusqu’aux toits !

– Ah oui, ça ça serait vraiment cool ! J’ai besoin de respirer.

– Je crois surtout que tu as besoin de retrouver ta position préférentielle, celle où tu te sens dominant, ce qui en dit beaucoup sur toi.

– C’est possible Odette mais je ne vois pas comment une fée pourrait juger de la position d’un chat habitué à vivre sur les toits et qui se retrouve enfermé dans une cave sur la brèche !

– Quelle brèche ?

– Cette cave sert de corridor entre une galerie infestée de rats et d’autres caves dans lesquelles peuvent débarquer à tout moment des humains dont le capital sympathie envers les chats de gouttière est plus qu’hypothétique.

– Pour ce qui est des humains, j’ai une idée !

– Laquelle ?

– T’as qu’à mettre un collier ! J’en ai justement quelques spécimens ici !

Elle fit quelques pas jusqu’à l’étagère, farfouilla son fatras avant de se retourner triomphante en brandissant un collier pour chat :

– Tartuffe ! Avec l’adresse en sus du numéro !

– Et à quoi ça pourrait bien me servir ?

– A être bien vu si on te voit ! Les humains sont moins méfiants vis-à-vis d’un chat qui porte un collier.

– Et s’ils croient que je suis perdu et qu’ils appellent le numéro sur le collier.

– Ils croiront que Tartuffe est ressuscité !

– Ah ! parce que c’est le collier d’un macchabée ? Dis-toi bien deux choses Odette ! La première est que je ne porterai jamais un collier pour chat !

– Rien n’est moins sûr !

– Oh que si ! Et la deuxième c’est que jamais je ne porterai, et même encore moins souvent que jamais, le collier d’un chat mort ! Compris ?

– C’est toi qui vois ! Autrement j’ai des faux colliers ! Comme celui que porte Pélopa !

– Je n’ai pas remarqué qu’elle portait un collier.

– Moi non plus t’as vu ? a dit Boobi désireux de se mêler à la conversation.

– Quel sens de l’observation !… Pour votre défense il faut dire qu’il est assez discret. Mais l’essentiel est qu’il porte mon numéro de téléphone !

– Toi t’as un téléphone ? Dernière nouvelle !

– Je n’ai pas de téléphone, seulement un numéro.

– Et à quoi ça te sert ?

– A recevoir des appels, cons de chats !

– Comment tu reçois des appels si t’as pas de téléphone ?

– Je les reçois avec mes ailes !

– C ‘te blague ! T’as pas la TNT en prime ? Ah ! ah !

– Si !

– Genre !

– Tu crois que je ne peux pas capter la TNT avec mes ailes ?

– Non sinon tu nous aurais déjà montré ça depuis belle lurette !

– D’abord vous n’avez jamais émis le souhait de regarder la TV et en plus c’est pas le support idéal pour ça !

– Ben tu m’étonnes, avec ton gros cul au milieu t’as vu ? Arf, arf, arf, arf, arf !

Voilà Boobi reparti dans l’un de ses fous rires interminables tandis que je n’entendais pas prendre tout ça pour argent comptant :

– Prouve-le !

– Quoi ?

– Que tu reçois la TNT !

– Impossible ici car la voûte est trop épaisse. C’est une excellente cave !

– Hum… Alors donc tu l’as volé à qui ton numéro ? A un autre macchabée ?

– Bien sûr que non ! Je me le suis réservé, si je puis dire. C’est comme pour la cave. C’est un numéro d’Orange qu’ils n’attribuent pas à quelqu’un d’autre ! Suffit d’avoir accès aux bonnes données !

– Et donc… quand on t’appelle, ça te fait dring-dring dans ta tête et tu réponds ?

– En quelque sorte. Si tu voulais bien enfiler un de ces colliers, des fois que tu te fasses choper par un humain…

– Je te garantis qu’il a intérêt à porter une armure !

– Ben si t’étais malin, tu te la jouerais gentil minou, tu laisserais gentiment l’accès au numéro sur le collier ; alors, s’il croit que tu es perdu, l’humain m’appelle et moi je lui réponds d’une voix suave : « Oh ce brave Darwin ! Mais non mais non, il n’est point perdu père Lustucru ! Il vagabonde, découvre le monde, mais il retrouve toujours son chemin ! » Tu saisis l’idée matou ?

– Très bien ! Mais ce n’est pas pour autant que je vais m’enfiler ce truc là autour du cou comme un vieux cabot !

– C’est comme tu veux matou !… Dis Boobi ? Tu vas t’en remettre ?

– Arf… Ouep ! Arf, arf !

– Parce qu’avant d’aller à la fraîche, je suggère de retourner faire un tour dans la galerie.

– Encore ? Mais Odette ! Quel intérêt de faire deux fois la même chose ?

– Ce n’est pas la même chose ! La galerie change d’objet selon l’heure de la journée ! Vous verrez !

Nous reprîmes donc le chemin de la galerie, Odette recommençant son petit rituel anti-odeur, merci Odette, même si effectivement les choses étaient bien différentes dans la galerie. D’abord nous restâmes « sur le pas de la porte » pour contempler l’agitation, je compris rapidement qu’il s’agissait d’une séance d’entraînement à la lutte. Les rats étaient regroupés par binômes dont chaque membre tentait de faire « mordre la poussière » à l’autre. Du fait du filet d’eau traversant la galerie tous les rats étaient détrempés, hormis un, celui qui se tenait debout au milieu de toute cette agitation et donnait régulièrement de nouveaux ordres du genre : « Usitarataplache renversé » ou encore «  Aragonatement complexe à deux doigts. »  Glossaire incompréhensible pour les non-initiés mais à chaque nouvel ordre les rats se relevaient, se dressaient sur leurs pattes arrières, se saluaient mutuellement à la manière des judokas, avant de se précipiter l’un vers l’autre, sans doute dans l’idée de réaliser la prise annoncée dont j’avais vraiment du mal à saisir en quoi elle était différente de la précédente. Après une succession de prises, Odette crut bon de me glisser à l’oreille : « Le rat qui commande aux autres s’appelle ‘Précieux-Ridicule’, il est reconnu pour son côté téméraire. » Ce rat finit justement par annoncer la fin de la lutte par un ordre qui surpris Odette : « Aux clous ! »

– Aux clous ? Qu’est-ce qu’il entend par là ?

– Qu’est-ce que j’en sais ? Demande-lui !

Elle n’en eut pas le temps. Les rats se précipitèrent vers le Nord de la galerie et disparurent temporairement par le trou que je n’avais pas osé emprunté quelques heures plus tôt. Odette nous mit en garde :

– Ne bougez pas ! Ils vont sûrement redébouler dans l’autre sens !

– Conseil avisé ! Les rats firent retour en bon ordre et en tenant chacun quelque chose entre leurs mâchoires.

– Qu’est-ce que c’est que ça ?… C’est des… clous ?

Quand le premier rat passa devant nous le doute n’était plus permis :

– Pourquoi ils trimballent des clous ces cons ?

Les rats reprirent à peu près la place qu’ils occupaient avant leur soudaine ruée vers le Nord. Direction de laquelle jaillit un nouvel ordre de Précieux-Ridicule :

– Garde à vous !

Les rats se dressèrent à nouveau sur leurs pattes arrière tout en saisissant d’une main le clou qu’ils avaient en bouche pour en poser le côté plat sur le sol. Ils formaient dès lors deux rangées adossées aux parois de la galerie au milieu de laquelle Précieux-Ridicule s’avança en marchant à deux pattes et tenant lui aussi un clou particulièrement brillant dont le plat reposait dans le creux de sa main. Il le tenait ainsi à la manière d’un fantassin en campagne mais sa démarche était mal assurée et précieusement ridicule. Il alla ainsi jusqu’au Sud de la galerie en regardant un à un chacun de ses « soldats » occupant le côté est avant de faire la même chose côté ouest lorsqu’il remonta vers le Nord. On entendit ensuite :

– En garde !

Les rats relevèrent leur clou à hauteur de tête.

– Assaut !

Et ce fut parti pour une incroyable joute d’escrime ! Le bruit des clous entrechoqués résonnaient dans la galerie tandis qu’ici est là, quelques rats sûrs de leur art singeaient Cyrano. J’étais estomaqué, Boobi ricanait en tentant de tirer parti du spectacle :

– Herbert ! Je te parie deux rations de pâté que le premier à se faire embrocher est le troisième rat à droite.

Herbert ne crut pas bon de répondre, son regard dénotait un mélange d’incrédulité et d’inquiétude. Atlas était impassible et Odette fronçait les sourcils.

Il n’y eut aucun blessé, ce qui sembla décevoir Boobi :

– C’est nul !

Au bout d’un quart d’heure, Précieux-Ridicule siffla la fin de l’entraînement. Les rats posèrent leur clou au sol et retrouvèrent une position à quatre pattes qui sembla les soulager. Précieux-Ridicule revint vers le centre de la galerie, à proximité de l’endroit où nous nous trouvions, et fit une courte allocution :

– Soldats ! Je sais que l’entraînement vous pèse mais je suis satisfait de constater que votre motivation reste intacte. Nous ne devons pas ! nous ne pouvons pas nous permettre le moindre relâchement. Si vient la guerre, le 1er régiment d’art et d’acier sera appelé en première ligne ! Tenez-vous prêts ! L’avenir de la communauté est entre vos mains ! Tinte un clou et tous pour un !

–  Tinte un clou et tous pour un ! reprirent en cœur les rats-soldats.

Ils remirent leur clou en bouche et quittèrent sans hâte la galerie avec la satisfaction du devoir accompli. Comme Précieux-Ridicule semblait devoir fermer la marche, Odette en profita pour marcher à sa suite et l’interpeller avant qu’il ne quitte la galerie :

– Dis donc Précieux-Ridicule ! Depuis quand vous vous entraînez avec des clous ?

– Depuis que les outre-rhônois s’entraînent avec des clous !

– Depuis quand les outre-rhônois s’entraînent avec des clous ?

– Ils prétendent que c’est depuis qu’on s’entraîne avec des clous ! Mais ce sont de fieffés menteurs !

– Vous n’allez tout de même pas vous battre contre les rats d’Outre-Rhône ? Je croyais que l’heure était aux solidarités inter-communautaires.

– C’est exact mais qui veut la paix prépare la guerre !

– J’aurais plutôt tendance à penser que celui qui prépare la guerre finit par faire la guerre. ai-je dit.

– Raison de plus pour nous tenir prêts.

J’étais personnellement plutôt circonspect quant à l’efficacité de l’utilisation de clous dans une armée de rats aux incisives affûtées et aux griffent tranchantes :

– Je ne vois vraiment pas ce que ces clous peuvent vous apporter. Ça a plus l’air de vous encombrer qu’autre chose.

– Si les outre-rhônois s’entraînent avec des clous, c’est bien qu’il doit y avoir un avantage à cela !

– Tout cela ne me plaît pas du tout. a dit Odette.

– Ecoute Odette ! On ne peut tout de même pas laisser une communauté rivale s’armer sans réagir.

– Vous ne connaissez même pas ses intentions.

– Certes mais la prudence est de mise. Et nous devons sécuriser nos approvisionnements !

C’est l’instant que choisit Herbert pour se jeter dans la vasque à proximité de laquelle nous étions parvenus. Précieux-Ridicule en profita pour s’éclipser :

– Au revoir Odette ! A la prochaine !

Odette ne répondit pas et regarda Herbert qui semblait avoir atteint de nouveau son nirvana. Elle lui donna cinq minutes, il tenta de négocier dix, sans succès. Six minutes plus tard nous avions retrouvé la cave qui elle-même avait retrouvé ses occupants habituels.

 

Je vous conterai la suite de cette aventure dans un prochain billet.

 

Darwin.

23 mars 2017

Un bon castor

Chalut.

 

Après notre long séjour dans la galerie marchande  nous retournâmes dans la cave que Odette prétend posséder. Elle n’était pas trop avitaillée mais cela devait suffire à reprendre des forces, à condition de ne pas faire les difficiles :

– C’est quoi ça ? a dit Herbert lorsque Odette a disposé devant chacun d’entre nous une petite boite d’un genre de pâté peu appétissant.

– De la bouffe pour chat ! Désolé j’ai pas l’équivalent pour ragondin !

– De la bouffe pour chat ?

Herbert était réellement circonspect tandis qu’Atlas déclara qu’il passait son tour au grand plaisir de Boobi qui pris une option sur la portion dévolue au rat blanc. La mine déconfite d’Herbert me fit sourire.

– T’en fais pas Herbert ! Moi aussi la première fois qu’on m’a vendu cela pour de la bouffe pour chat, j’ai un peu tiqué.

– Oui mais moi je ne suis pas un chat, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué !

– Pour chats, chiens, rats… quand les humains ont décidé de mettre de la bouffe en boite, c’est peu ou proue la même merde ! Mange ! Juste pour l’apport calorifique !

– Tu dirais la même chose si j’étais un cheval ?

– T’es pas un cheval !

– Qu’est-ce qui te dit que je ne suis pas herbivore ?

– Depuis quand les rats sont herbivores ?

– Je ne suis ni un rat ni un ragondin ! Je suis un campagnol amphibie et je suis très rare !

– Oui ben ça tu l’as déjà dit !

– Eh bien pour ta gouverne sache que je suis pratiquement végétarien !

– Pratiquement. Dans le sens de la pratique ou dans le sens de presque ?

– Je suis presque végétarien !

– C’est ce que je me disais ! Mange ton pâté ! Faut prendre des forces ! Surtout si tu veux rentrer chez toi !… T’habites où au fait ?

– Au nord ! C’est comme je vous ai dit !

– Mais où exactement ?

– Sur l’île de la Pape.

– T’es sérieux là ?

– Mais oui !

– Mais comment t’as atterri ici ?

– C’est comme je vous ai dit ! Par le métro !

– Donc si je comprends bien, cette bande de rats, que tu sembles avoir à la bonne, Odette… Cette bande de rats s’en va chercher des ragondins à dix bornes d’ici pour les forcer à porter des choses pour eux ?

– Tu ne vas pas mettre tous les rats dans le même paquet sous prétexte que Herbert s’est laissé entraîné dans une sombre histoire !

– Peut-être bien que si !

– Cela ne t’honore pas !

– Et toi ? Tu trouves ça honorable de  fréquenter cette vile espèce ? Et par-dessus le marché tu leur donnes des coups de main ! Et puis d’abord c’est quoi cette histoire de concentré vitaminique et de farcie ? Et pourquoi tu construis des tunnels à seule fin d’aller les rencontrer ? Et pourquoi tu leur installes l’électricité ? Et comment ça se fait qu…

– Oh Oh Oh ! On va se calmer là ! T’es jaloux ou quoi ?

– Jaloux de ces… Quoi ? Moi jaloux de ces…  Ah ! ah ! Ben manquerait plus que ça ! Ben elle est forte celle-là dis !…  Hein ? Non mais !… Mais d’abord c’est pas une raison pour faire des choses pour eux que tu ne ferais pas pour moi !

– Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi par exemple ?

– Par exemple tu ne me donnes pas de concentré vitaminique à moi !

– Parce que t’en as pas besoin !

– Comment ça pas besoin ? Pourquoi j’en aurais moins besoin qu’un rat ! 

– Darwin ! Ces rats travaillent dans des conditions difficiles ! Ils vivent deux ans quand toi tu pourrais bien dépasser les vingt ans si tu continues à passer ta vie à méditer sur ta cheminée !

– Je ne médite pas sur ma cheminée mais sur l’état du monde !

– Oui mais vautré sur ta cheminée ! Tu mesures la différence entre ce mode de vie et une vie qui consiste à travailler sans relâche ? D’autant plus que depuis que je t’assiste pour tes tâches les plus problématiques, ta vie s’en trouve passablement facilitée ! Alors ne me dis pas que je ne fais rien pour toi !

– Comment peux-tu affirmer que je vivrai vingt ans si tu ne me donnes pas des vitamines ?

– Je n’affirme rien ! Je dis que c’est possible ! Comme il est possible que, à supposer que tu sois encore vivant dans quinze ans, tu puisses te retrouver abandonné par tous les humains au beau milieu d’une guerre généralisée entre pigeons et rats ! Vaudrait peut-être mieux passer l’arme à gauche avant cela !

– Tu ne vas pas remettre le couvert ! C’est n’importe quoi cette histoire ! Comme si l’humain allait disparaître du jour au lendemain ! Quand il est question d’être au beau milieu d’une guerre généralisée, c’est pas de becs et d’incisives que je remplis mes cauchemars !

– Et de quoi donc Môssieur Darwin Le Chat ?

– De bombardiers furtifs et d’ogives nucléaires par exemple !

– Donc tu es d’accord pour dire que ces trous du cul pourraient bien en arriver à se foutre définitivement sur la gueule comme des sales gosses ?

– Là je suis d’accord mais…

– S’ils se foutent définitivement sur la gueule alors ils disparaissent et une autre espèce prend la relève !

– Mais non ! Non non ! Car ils en restera toujours une petite proportion ! Celle-là même qui fantasme cet apocalypse depuis que le rejeton d’Enola Gay a commis son crime inexpugnable et qui s’imagine justement survivre comme une bande de rats dans un trou à rats surmonté de cinquante mètres de béton armé ! Même au beau milieu d’un nuage radioactif cette bande de rats là aura toujours le dessus sur celle que l’on vient de croiser dans l’égout qui leur sert d’étale. De toute façon ils pourraient bien inhaler n’importe quoi, y a rien qui semble en mesure de les rendre plus tarés qu’ils ne le sont déjà ! La folie les a guidés avec succès jusqu’ici, il n’y a pas de raison qu’il en aille autrement à l’avenir ! Ce qui me conduis à supposer que si une seule espèce devait survivre, ce serait l’espèce humaine !

– Ah oui ? Eh ben moi je mise sur les rats justement parce qu’ils sont experts en abris souterrains !

– Mauvaise raison ! Autant miser sur les robots parce qu’ils sont les meilleurs pour retenir leur respiration !

– Ah ouais ? Ben ils seront peut-être les premiers à crever durant l’hiver nucléaire !

– Ou peut-être que ce seront les fées !

– Ça ça m’étonnerait beaucoup matou ! Et de toute façon, si le danger devient pressant, j’aurai sûrement une remise de peine et elles viendront me chercher ! Tu crois que j’aurai une place pour toi dans mon arche ?

– A toi de voir.

– Je te conseille plutôt de miser sur l’option suivante : si l’alarme sonne trois fois, tu plonges directement la tête la première dans la cheminée !

– C’est pas très sympa ça Odette !

– Arrête de m’énerver !

– Arrête de t’énerver !

– Tais-toi un peu ! Si Pélopa revient avec les petits tu vas leur faire peur !

– C’est toi qui vas leur faire peur à force de brailler !

– Chut !

– Chut aussi !

Il y eut un blanc de quelques dizaines de secondes. Atlas était totalement impassible tandis qu’Herbert mâchait difficilement une nouvelle bouchée de pâté. Il finit par délaisser le reste de sa ration, ce qui n’échappa à l’œil aiguisé de Boobi :

– Tu finis pas ton pâté ?

– Non.

– Le reste est pour moi alors !

– T’as un drôle de sens du partage dis donc !

– Le fée bouffe pas de pâté et Darwin s’est à peine mâchuré le museau à force de piaffer comme un moineau, t’as vu ?

– Mais c’est pas une raison pour se conduire comme un castor !

– Qu’est-ce que les castors viennent foutre là-dedans ?

– Les castors sont de sales égoïstes ! Ils font des trucs dans leur coin sans se préoccuper des autres. Exactement comme toi !

– Je sais pas d’où tu tiens ça Bruno mais ça a l’air super cool d’être un castor, t’as vu ?

– C’est peut-être cool d’être un castor mais c’est pas cool d’être le voisin d’un castor ! Et a plus forte raison d’être le voisin d’une famille de castor !

– Toi ? T’es le voisin d’une famille de castors ? Mytho ! Y a pas de castors ! Ils ont disparu les castors, t’as vu ?

– Y a des castors ! Ils sont réapparus !

– Tu dois confondre avec des hérissons !

– Avec des hérissons ? Et pourquoi pas des hérons pendant qu’on y est ? Tu crois que les hérissons squattent des morceaux de berges grands comme vingt nids de cigognes ? Tu crois que les hérissons se calent des branches grosses comme toi sous les incisives dans l’idée d’obstruer le lit de la rivière tout entier ? Non mais sérieusement ? Elle est aux castors ou quoi la rivière ? Depuis quand on s’empare d’un cours d’eau sans se soucier de ceux qui vivent en aval ?

 – Depuis qu’y des castors, t’as vu ?

– C’est dégueulasse !

– T’as qu’à y aller leur foutre sur la gueule, t’as vu ?

– Et toi, t’en as déjà vu un de castor ?

– Pas que j’ me souvienne, t’as vu ?

– Les castors on leur met pas sur la gueule ! Ni toi, ni moi ! En plus maintenant c’est devenu illégal !

– De ?

– De s’en prendre aux castors !

– Qui dit ça ?

– Les humains !

– Ben qu’est-ce qu’on en a à foutre ?

– Pourquoi ils font ça ?

– De ?

– Protéger les castors ! C’est insensé !

Je cru bon d’intervenir dans cette conversation devenue digne d’intérêt :

– Au contraire ! C’est une excellent initiative, pour une fois.

– Là c’est le moment où on apprend que Môssieur Darwin Le Chat a lu la page Wikipédia sur les castors ?

– Pas du tout ! C’est juste une question de bon sens écologique !

– Hein ? Mais il est fou ce chat !

– Dis donc le ragondin ! T’es contre la protection de la nature ? a dit Odette de son air pas commode.

– Au contraire ! Je suis pour la protéger ! Je suis pour qu’on empêche les castors de couper les arbres et de modifier la circulation fluviale !

– D’accord ! Alors on n’a qu’à tuer tous les castors ! Et les mecs en chemise à carreaux avec des tronçonneuses tant qu’on y est !

– Oui tant qu’on y est !

– Et à la place tu verras débarquer un type en costard cravate au volant d’une bagnole démesurément grande garée à proximité d’une machine encore plus grande qui  t’attrape un arbre de deux mètres de diamètre et de cent pieds de haut et te le saucissonne en rondelles en un clin d’œil racines comprises ! Hou ça décoiffe ! J’ai pas un peu de sciure dans les cheveux ?

– Non t’as de la terre !

– Bon Herbert ! Faut que tu comprennes que tout arbre qui ne passe pas sous les incisives d’un castor barre potentiellement la route d’un humain près à le transformer en bois de chauffage à la première occasion ! Quant au lopin de terre qui vous sert de crèche à toi, ta famille et tes voisins castors, il y a autant de trous du cul que la terre compte de promoteurs immobiliers disposés à le transformer en centre commercial en forme de boite à sardine géante, l’odeur en prime, pour les péri-urbains lyonnais ! Compris ?

– Oui madame.

– Bien ! Alors crois-moi ! Là où un gang de castors réapparaît, c’est plutôt le signe qu’il y a peut-être un avenir pour les individus de ton espèce. Tu piges ?

– Oui mais j’aimerais vous y voir vous autres, en aval d’un barrage de castors !

– Si t’as pieds en aval vas piquer une tête en amont ! Et dire qu’à côté du génie bâtisseur d’un castor, un major de promo à l’école des Mines passe pour un galérien des études… Un peu de respect tout de même !

– En amont c’est pas chez nous, c’est chez les castors !

– D’accord…   Sinon je te file un tuyau et une turbine, t’auras la lumière à l’étage du dessus, ce sera toujours ça de gagné !

– Quoi ?

– Oublie ça ! T’as pas un peu sommeil ?

– Un peu…  Et même beaucoup.

– Bon. Je décrète l’heure de la sieste pour tout le monde ! Calez-vous chacun dans un panier !

Personne ne se fit prier. Odette éteignit la lumière et je me suis dit qu’avec un peu de chance, elle irait chercher du repos dans son propre repère. Mais non, elle crut bon de venir s’allonger sur moi, ce qui est relativement désagréable tant que ses ailes n’ont pas totalement ramolli. Heureusement elle ne fut pas longue à s’endormir. Au bout de cinq minutes je pensais bien être le seul à ne pas être encore tombé dans les bras de Morphée. Je me laissai gentiment attiré en repensant aux heures écoulées quand Herbert brisa soudainement le silence :

– Un bon castor est un castor mort !

 

Darwin.

12 mars 2017

HelloWorld48102

Helloworld48102 @MnTardy

Bonjour Emmanuel.  Scaly, le comparateur de comparateurs de prix te souhaite une bonne journée. Scaly, l’application numéro 1 pour évaluer les comparateurs de prix. Avec Scaly faites des comparaisons réussies.

 

Info48102 @MnTardy

Ouverture réussie au Festival de Palme où le très attendu film de Sabina Mardashian « Ma vie de pétasse. » a été accueilli très chaleureusement par un public ravi de tester en avant-première la dernière version de l’application InstantTakeIt. Les services commerciaux des sociétés partenaires du film ont su travailler d’arrache-pied pour présenter des produits innovants  (et surtout luxueux) quitte à s’affranchir du côté réaliste avancé par le film. Certes on se doute que Sabina Mardashian n’avait pas, à l’âge de 14 ans, un rouge à lèvres à 200000 doullars dans sa salle de bain. Qu’importe, l’essentiel n’est pas là et lors de la sortie grand public les produits placés pour cette avant-première auront été remplacés par des alias plus abordables pour le commun des consommateurs. Le moment le plus fort de la soirée fut incontestablement la séquence où, à l’âge de 16 ans, Sabina Mardashian (jouée durant la première partie du film par la jeune et prometteuse Barbie Smith) se prépare en vue de sa première relation tarifiée. Lent travelling en gros plan sur les produits de beauté de la belle. On voit sa main droite qui passe devant un paquet de disques démaquillants Nenet, la main sort du champ, le temps pour l’action Nenet de grimper de 1.7 % (source : Cotecote.com) La main repasse fugacement dans le champ, elle tient, semble-t-il, une bouteille de parfum dont on ne distingue pas la marque. Mouvement rapide de la caméra vers l’espace laissé vide ! Une seconde, deux secondes, trois secondes… carrelage blanc. On pourrait se dire que la réalisatrice a pris un risque inconsidéré. Le temps semble interminable, suspens, musique intrigante. Soudainement la bouteille de parfum reprend sa place ! Une clameur envahit la salle du palais Nitron. C’est une bouteille Chouchou Quenelle  N°5.X ! Les spectatrices comprennent d’emblée qu’il se passe quelque chose. Les smartphones s’illuminent dans la foulée. Chouchou Quenelle annonce la mise en vente d’une et unique bouteille ! Mise à prix : 1 million de doullars ! L’emporte celui ou celle qui aura fait l’enchère la plus haute au Top + 30.00 secondes. D’emblée les regards se tournent vers le premier rang. A ce jeu, selon la liste des invités, Madame Dany Morback semble difficile à battre. Mariée à la troisième fortune méricaine elle est surnommée « The Spending Machine. » Deux rangs en retrait madame De Brillantine, quatrième fortune de Franquie, enchérit à 1.1 millions dès après le top. Le clin d’œil lancée à son amie, l’actrice Olivia Beaubourg,  prouve qu’elle le fait pour la forme. L’enchère est aussitôt surclassée par celle de Madame Morback à 1.5 millions. C’est là que Mark Preshoot, le Quaterback vedette de la NFL, entre en scène, sans doute pour le compte de sa femme, présente cette semaine à Palme pour la promotion du film d’action « Merican Fighters 9 »  Preshoot enchérit à 2 millions. Fort de son tout nouveau contrat qui lui garantit un revenu de 250 millions de doullars sur 5 ans, cet homme a les moyens de ses ambitions. Madame Morback ne l’ignore pas et renchérit illico à 5 millions, l’affaire est entendue ! Le temps s’écoule, 5, 4, 3, 2,…   A la dernière seconde Madame Morback double sa propre enchère ! Chatte échaudée craint l’eau froide ! Une aberration ? Une victoire ? Ni l’une ni l’autre : 1, 0… Stupeur ! Ce n’est pas la visage de madame Morback qui apparaît aux côtés de la bouteille clignotante de Quenelle N°5.X mais celui de mademoiselle Ti Ti, une parfaite inconnue de nationalité tinoise, dont on apprendra le lendemain qu’elle est la nièce du multimilliardaire Li Ti ex-dirigeant du PCT. Madame Morback se lève furieuse et quitte la salle non sans avoir au préalable écrasé son smartphone d’un pied rageur. Les autres enchères de la soirées furent moins  mélodramatiques bien que Ti Ti les aie toutes remportées. La somme des achats effectués lors de cette soirée inaugurale s’élève à près de 100 fois le budget du film et l’on notera notamment l’achat inopiné de 6 tonnes de laque à cheveux Boréal de la part de l’ancien footballeur Gustavo Gronaldo, toujours fringant. Il a admis par la suite avoir fait une petite erreur de frappe mais gageons qu’il saura mettre en scène l’utilisation qu’il en aura.  Ce festival de Palme semble décidément né sous une bonne étoile !

 

@Mhemet2012

Je ne mets pas ce message en MP car cette question est très récurrente et je crois bon d’y répondre une fois pour toute. Oui Olga est aussi « bonne » qu’elle en a l’air et oui, sur le simple critère physique, elle me plait, quoique je la trouve un peu amaigrie depuis notre départ.  Quant à savoir si elle a effectivement 61 ans, je ne vois guère comment je pourrais être mieux informé que vous mais son CV semble parler pour elle. Je la soupçonne de boire en cachette son litre quotidien de Bison Maudit, la magnifique boisson aux extraits naturels de plantes. Fais comme elle, bois-en 1 litre par jour !

 

@ShitDispender2013

Le problème ne vient pas de ce que je poste mais des paramètres de l’application ! Si tu ne paramètres rien tu as la langue et les unités par défaut ! Tu peux sélectionner l’unité monétaire et choisir statique ou dynamique. La fonction dynamique réactualise toute référence monétaire à la valeur de change à la clôture de Chicago, y compris dans mes anciens messages. C’est pas sorcier ! 

Darwin.

11 mars 2017

RedLight.rt.47836

En attendant de trouver le temps de vous raconter la suite de mes aventures je dois vous dire que la tablette a accumulé un nombre conséquent de messages. Nous avons été de plus en plus circonspects dans la mesure où ceux-ci semblent désormais arriver dans le désordre. Nous y verrons peut-être plus clair à l’avenir. Pour ma part j’ai passé un temps fou dans les sous-sols de la ville mais cela ne m’a pas empêché de suivre passionnément l’aventure des Cubs à l’automne dernier. Maintenant que la malédiction de la chèvre est levée, j’espère que Steve Bartman pourra retrouver une place dans les gradins du friendly confine.

 

Voici ci-après une reproduction d’un message de la tablette. Le problème vient du fait qu’il ne porte pas d’intitulé HelloWorld. J’ai pensé le retranscrire avec le titre HelloWorld47836 mais rien ne dit qu’un message n’arrivera pas à l’avenir avec ce titre là.

 

ENG to FR, GGPTSL 3.7

 

RedLight.rt.47836.GMT.14.38.567 @PC.Uston

 

– Emmanuel. Je peux te parler cinq minutes ?

– Ça va ? Vous n’avez pas l’air en forme.

– A dire vrai j’ai plutôt mal dormi. J’ai fait un rêve bizarre.

– Du genre ?

– J’ai à peu près tout oublié sauf la fin. Il était question d’une bataille rangée entre des sauterelles et des grenouilles. Je crois que ça a trait au combustible recyclé.

– J’ai du mal à vous suivre. Désolé.

– Tu es pourtant le mieux placé pour me suivre car dans mon rêve il y avait un train affrété par des grenouilles contrariées dans leur plan par des sauterelles teutoniques vertes qui voulaient submerger les wagons de leur masse dérisoire. Rappelle-moi dans quel sens roulait le train ?

– Que voulez-vous que j’en sache ? C’est votre rêve !

– Oui mais c’est toi la grenouille ! Les pérégrinations du pergélisol ont eu raison de ta stratégie. J’espère que les réserves en flotte de ce tas de plastique n’ont pas été puisées dans la Léna.

– Moi je m’en fous, je ne bois pas d’eau. Seulement du Bison Maudit, la magnifique boisson régénérante aux extraits naturels de plantes. Je vous conseille d’en boire un litre par jour.

– Ne te fatigue pas, c’est une conversation privée.

– Rien n’est privé !

– Ok, si tu veux. Bon… Je ne suis pas venue te voir pour te parler de mes rêves mais te rappeler que la bouffe pour chat est réservée au chat !

– Pourquoi vous me parlez de ça ?

– Deux boites de Purecat ont disparu cette semaine.

– Et alors ? C’est sans doute Daryl ou Junior qui ont nourri Milly à votre insu.

– Ils m’ont assuré que non et Junior pense que tu es du genre à bouffer du Purecat !

– Moi ? N’importe quoi !

– C’est ce que j’ai pensé aussi mais Junior a ressorti un article de chez toi assez convaincant.

– Un article de chez moi ?

– C’est issu du Tarisien.

– Je ne suis pas tarisien mais saboyo-liounois. Et d’ailleurs je suis anglois par ma mère donc vos théories sur les grenouilles m'en touchent une sans faire bouger l’autre… sauf votre respect.

– D’accord… Mais comme je meurs d’envie de te faire lecture de cet article, tu voudras bien me faire le plaisir de m’écouter ? C’est pas comme si tu étais débordé.

– Faites comme bon vous semble !

– Merci. Ça s’intitule « Faut-il boycotter le Purecat ? » et c’est signé Bobby Baltaquin.

– Connais pas mais visiblement de la génération prénoms à la con ! Sa mère a trop regardé les séries méricaines.

– Je cite : « Ceux qui se souviennent du lobbying contre les atrocités commises par la dictature en Akbarstan ont peut-être encore en tête les mesures prises à l’époque et saluées comme un exemple de sursaut démocratique. Mais combien sont ceux qui eurent connaissance des compensations obtenues par certains protagonistes en échange du Gel des avoirs de la junte militaire ? Personne n’ignorait l’impopularité de la mesure dans les milieux financiers et industriels créanciers d’un pays aux ressources relativement faibles mais la contre-mesure est passée inaperçue par l’utilisation astucieuse de l’aide alimentaire normalement destinée aux pays en guerre ou sous troubles climatiques, aide alimentaire à peine apte à contenir la pression migratoire à un niveau tolérable pour les forces de polices frontalières. Les surplus des fermes usines rachetés par le fond communautaire pour l’assistance internationale essaiment aux quatre coins du monde et notamment en Akbarstan en vertu des engagements pris à l’ONU. Ces engagements ne s’accompagnent pas de contraintes quant à l’utilisation finale de cette aide alimentaire, raison pour laquelle des tonnes de viande débarquées en Akbarstan sont hachées et re-cuisinées à la sauce barstane pour devenir du Purecat ou autre spécialité locale, mais toujours dans la catégorie nourriture pour animaux de compagnie en raison de la procédure « Cat Cash Return » engagée par les créanciers lésés et activement soutenue  par la Société Européenne de Protection des Animaux de Compagnie. Cat Cash Return permet d’importer le Purecat à prix préférentiel. C’est à cette procédure qu’en France on doit la dernière hausse d’un dixième de point de la TVA sur les produits alimentaires de consommation ordinaire. Ce dixième de point de TVA supplémentaire alimente une caisse de douane qui permet de baisser le prix d’importation du Purecat et produits assimilés, un droit de douane inversé en somme, versé directement au compte de l’Akbarstan, compte sous tutelle destiné à solder ses dettes afin d’envisager de nouvelles livraison d’armes. Livraisons d’armes relativement urgentes dans la mesure où la junte commence à manquer cruellement de munitions efficaces. A priori ce dixième de point semble modeste et acceptable. D’autres lobbies ont utilisé des procédures similaires par le passé, ce qui explique que la baguette de pain soit actuellement taxée à 25 % soit cinq fois plus qu’une Ferrari ! Donc, imaginez quelques produits pour chat dont les prix d’importation sont dopés à la baisse par une caisse alimentée par un dixième de point de TVA d’à peu près tout ce que vous mangez (hormis si vous pouvez vous payer des produits alimentaires de luxe qui sont naturellement détaxés en raison de leur prix déjà hors de prix.) La somme totale est conséquente mais les propriétaires de chats pourraient aisément y trouver leur compte si la grande distribution jouait le jeu. Pourtant le Purecat ne se trouve pas dans le commerce à prix bas car les distributeurs n’entendent pas saboter leurs marques internes au profit d’une marque étrangère qui s’approvisionne gratuitement de sur-stocks des fermes-usines dans lesquelles ils ont mis leurs billes. Donc ils margent un maximum, ce qui n’empêche pas le Purecat d’avoir un franc succès tellement les chats et leurs maîtres (dit-on) en raffolent.  De son côté la SEPAC semble être le dindon de la farce mais aucun de ses responsables n’a répondu favorablement à nos demandes d’interview. »… Qu’en pensez-tu ?

– Que c’est mal écrit. Pour le reste…    Ce n’est pas vous la végétarienne ?

– Si !

– Alors pourquoi vous donnez de la viande au chat ?

– Je ne me confonds pas avec le chat ! Mais je suis forcée de constater que les humains feraient vraiment n’importe quoi pour avoir leur ration de viande.

– Ce n’est peut-être pas tant leur ration de viande qu’ils veulent que leur ration de protéines.

– Je ne manque pas de protéines et je ne mange pas de viande.

– Parce que vous avez les moyens de votre mode de vie. Au demeurant je vous trouve un peu maigre tout de même.

– Je ne suis pas faite pour te plaire.                                                                                                                                                        

–  Soit. Quant au Purecat, s’il plaît à un humain ici, dites-vous que ce n’est pas moi ! Et contrairement à Daryl ou Junior je ne me plains pas de la nourriture de bord. Je mangeais des protéines de synthèse bien avant vous. Et du genre bon marché !

– Ne t’en vante pas puisque tu ne l’as pas fait par choix ! 

– Si j’avais le choix je boufferai du poulet élevé en plein air !

– En plein air ? Demande à Junior ce qu’il pense du plein air ! Sa diabolique femme travaille dans l’ingénierie des tours d’élevage !

– Et donc ?

– Donc il pourra t’expliquer que les poulets labellisés Nesgill sont élevés en tour et nourris exclusivement avec du maïs-bis Toutanto, ce qui leur donne leur célèbre couleur jaune et leurs os fondants. Or les élevages en tour sont technologiquement et écologiquement supérieurs aux élevages à plat grâce à leur éclairage naturel et surtout leurs filtres à particules fines. Tes poulets en plein air, eux, sont saturés en particules fines.

– Fort bien ! Je m’en soucierai lorsque je pourrai m’arrêter de respirer !

– Commence par t’arrêter de manger de la viande car il n’y a rien qui justifie qu’on continue a élever des poulets à seule fin de les manger alors qu’on sait faire des protéines qui ont la même consistance et le même goût !

– Le même goût c’est vite dit. Vos protéines ont tous les goûts possibles et imaginables !

– Justement, il y en a pour tous les goûts ! CQFD !

– CQFD ? Et vous pouvez m’expliquer par a + b  pourquoi on continue à produire des surplus de viandes ?

– Les fermes usines doivent alimenter en permanence les lignes d’abattage. C’est une question de rentabilité ! Si tu es contre ça, fais comme moi, deviens Vegan !

– C’est idiot comme raisonnement. Il suffirait de fermer des fermes usines et les lignes d’abattages attenantes.

– Tu n’as rien compris à l’article que je t’ai lu. D’un certain point de vue il y a des surplus mais de l’autre tu vois bien qu’il y a des débouchés pour ces surplus. De plus les fermes usines reçoivent des subventions qui sont proportionnelles à leur production. Il faut donc qu’elles produisent.

– Eh bien il suffirait de réduire les subventions !

– On te répondra que ce serait servir des intérêts extrême-orientaux. Note que la filière laito-méthanière jette aussi du lait en pagaille. Si tu es contre ça, deviens Vegan !

– On a besoin de méthane !

– Faux ! On ne remplit pas des piscines de merde là où il est possible d’avoir des piscines d’oléagineux. Quand tu auras compris ça tu deviendras Vegan !

– Alors disons que je préfère ne pas comprendre !

– Ça m’étonne à peine de toi !

Darwin.

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