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Darwin Le Chat
2 avril 2020

Le Coincoin du coin. Sélection d'articles du 17 au 19 mars 2020

17/03/2020

 

Reportage du Coincoin du coin au centre ville de Lyon lors de cette première journée de confinement.

 

Nous avons garé notre voiture à la lisière du premier et du second arrondissement. Depuis midi les habitants sont confinés chez eux, le centre ville, d'ordinaire très passant, se découvre une quiétude insoupçonnée. Le quartier est un quartier aisé, osons le dire : bourgeois. Rendu à ses habitants, donc débarrassé de ses envahisseurs réguliers, travailleurs venus des autres arrondissements, innombrables touristes, jeunes des banlieues descendus en ville pour des parades ridicules, le centre ville de Lyon semblerait déjà être un havre de paix même sans mesure de confinement. Mais à 13h ce mardi 17 mars 2020 qui fera date, le contraste est purement saisissant, la ville est devenue une ville fantôme, ou presque.

 

Nous empruntons la rue de Brest, quelques commerces restent ouverts, ceux d’alimentation, la pharmacie et, de manière qui peut sembler plus étonnante d’un premier abord : le bureau de tabac ! A la réflexion il serait assez déraisonnable de fermer les bureaux de tabac en une période où certaines personnes s’apprêtent à avoir les nerfs à vifs. Sans doute il n’est guère à craindre de tensions extrêmes dans les appartements cossus du centre ville, le bourgeois est civilisé, vraisemblablement beaucoup plus que la moyenne.

 

Ici pas de queue à l’entrée des commerces d’alimentation, le bourgeois lyonnais sait que la France ne craint pas de rupture d’approvisionnement, le bourgeois lyonnais est réfléchi et ne se laisse pas gagner par la panique. On lui a intimé de se confiner dans ses pénates, il le fait sans sourciller. Nous pénétrons dans l’échoppe Casino. Nous constatons des rayons très bien achalandés, hormis le rayon farine. Le bourgeois lyonnais ne se précipite pas sur le rayon pâtes. Quand il est contraint de rester chez lui, le bourgeois lyonnais fabrique lui-même ses pâtes. Le bourgeois lyonnais a l’habitude d’avoir les mains propres, il n’a pas dévalisé les stocks de gel alcoolique. Aussi étonnant que cela puisse paraître nous trouvons à l’échoppe Casino un bac contenant des gels hydroalcooliques de marque Puressentiel. Mais par contre le bourgeois lyonnais n’est pas regardant sur les prix, c’est vraiment inabordable pour deux pigistes au Coincoin du coin. Devant le caissier nous faisons remarquer que nous trouverons sûrement meilleur prix dans la grande pharmacie d’en face. Le caissier répond que la Pharmacie d’en face n’a plus de gel hydroalcoolique depuis plus de 10 jours. Vérification faite, c’est vrai. Sans doute une horde de banlieusards est venue précédemment se fournir en centre ville après avoir pillé les hypermarchés périphériques.

 

A 14h nous remontons la rue Mercière. De mémoire de lyonnais elle n’a jamais semblé si calme, sans les terrasses et sans piétons nous avons tout le loisir d’admirer les façades des immeubles, souvent superbes. Au bas de la rue quelques livreurs à vélo attendent d’emporter un repas vers un heureux chanceux, pour la plupart les livraisons vont s’arrêter. Plus haut le manager du King Marcel nous fait part de son prochain chômage technique, c’était le dernier service dédié à la vente à emporter avant longtemps. Se basant sur la situation en Italie, il pense ne pas rouvrir avant un mois. Nous lui demandons s’il pense que cela lui portera financièrement préjudice. Il est assez confiant, l’état abondera pour compléter la part de l’assurance chômage. Tous les français auront-ils cette chance ? L’avenir nous le dira.

 

Nous profitons de notre carte de presse pour flâner un peu. A chaque quart d’heure qui passe nous nous étonnons un peu plus du respect de ce qui finit par s’apparenter à un couvre-feu. Selon nos informations le confinement n’interdit pas de sortir promener son chien, et il pourrait paraître comme de la maltraitance animale de ne pas le sortir deux fois par jour. En ajoutant à cela le droit d’aller au moins une fois par jour se ravitailler au magasin alimentaire, la possibilité de se rendre à la pharmacie, de faire un léger footing, nous nous attendions à croiser un peu plus de monde. Sans doute la discipline du bourgeois lyonnais est bien plus haute que la moyenne nationale, nous sommes pressés d’apprendre comment les choses se passent dans des quartiers moins huppés. En attendant il nous semble guère douteux que peu de quartiers en France passeront cette période de confinement avec autant de quiétude. Le bourgeois lyonnais ne met pas la musique à fond même lorsqu’il est confiné chez lui, il respecte son voisinage d’autant mieux en période de confinement.

 

A 17h l’heure de l’apéro approchant, nous décidons de faire un bilan de cette journée, nous quittons le banc de la place des Célestins sur lequel nous nous sommes assoupis pour retourner dans la rue de Brest interroger les commerçants. Chemin faisant mon acolyte me demande si je n’ai pas remarqué une chose très étrange. Je lui réponds que la situation est par nature très étrange. Il me rétorque : « Certes pour les humains, mais regarde bien ! » Je regarde à droite et à gauche et ne remarque rien sinon ce calme toujours olympien. Au loin j’aperçois un type qui promène son chien. « Oh regarde ! Un chien ! » « Je te parle des pigeons ! Il n’y a presque pas de pigeons ! C’est dingue ! » Effectivement le nombre de pigeons semble vraiment inférieur à ce qu’il est en temps ordinaire. Cela m’interloque ! Les pigeons sont-ils si nécessiteux de vivre au contact des humains ? Sont-ils nos meilleurs amis ? Ou bien sont-ils à l’instar des acariens, des animaux qui vivent de nos déchets invisibles ? Ce pourrait-il que les pigeons ne picorent pas des graines mais des minuscules parties qui de nous qui nous quittent : cheveux, cils, peau morte ? Alors les pigeons vont-ils mourir en nombre si les humains ne sortent plus de chez eux ? Voilà un bon sujet pour un reportage futur.

 

17h15. Mon acolyte me fait remarquer que nous n’avons croisé aucun véhicule de police. Juste au moment où un véhicule de police se pointe droit devant nous et ralentit à notre hauteur. Nous brandissons nos cartes de presse. « Quel média ? » nous demande l’agent à la place du mort. « Le Coincoin du coin ! » « Hum… Pas de vagues, hein ? »

 

17h20. Nous interrogeons le buraliste sur sa journée : « Pas un chat de l’après-midi ! A ce rythme-là je vais perdre un max et comme je n’aurais pas d’indemnités puisque je reste ouvert, ce sera moi le dindon de la farce ! » Même rengaine chez le boulanger, il ne craint pas pour la pérennité de son commerce mais dit qu’il ne s’attendait pas à une telle chute du chiffre d’affaire. Il prétend que les stocks vont être difficile à gérer dans ces conditions. Combien de croissants seront écoulés chaque jour durant le confinement, il n’en a aucune idée. Le caissier de l’échoppe Casino n’a pas fait lourd non plus. Je fais remarquer à mon acolyte qu’on devrait tout de même sacrifier un billet de 50 pour un peu de gel hydroalcoolique, ça pourrait valoir le double ailleurs. « Un chinois sorti de nulle-part m’a pris tout mon stock. » nous répond le caissier.

 

A la pharmacie le constat est le même. La titulaire nous dit avoir vu ses stocks de paracétamol passer de trop haut à zéro du lundi matin au mardi midi. Mais elle n’est pas inquiète outre-mesure puisque sa patientèle semble s’être évaporée depuis, le confinement la ramenant à sa portion congrue alors qu’une partie d’entre elle est d’ordinaire de passage ou le fait de gens travaillant mais n’habitant pas le quartier. Elle n’est pas catastrophée au contraire du buraliste, elle nous dit avoir certains de ses employés tout à fait disposés à buller chez eux et les autres avec deux mois de retard dans leur travail tellement ils sont lents, elle ajustera ses équipes. Avant de prendre congés nous lui demandons ce que les gens ont acheté avant le confinement en dehors du paracétamol. « Eh bien pas des masques ni du gel puisque par hasard on va finir par les recevoir quand plus personne ne sera là pour en acheter ! Sinon beaucoup ont pris du viagra, d’autres des préservatifs, parfois les deux ainsi que toutes sortes de lubrifiants. » Nous lui demandons si au contraire du gel elle a un bon stock de pilules du lendemain et de test de grossesses. Elle prend sa tête entre ses mains, puis inspire profondément avant de soupirer : « Dure dure dure année ! »

 

M. Hulot et P. Atate, le Coincoin du coin.

 

- Allô Martin !

- Ouais !

- T’es où ?

- Ben à Lyon ! Je fais des piges !

- Ah merde ! Tu bosses ? C’est pas vrai ?

- Ben si !

- Pas de bol mec !

- Ben si ! Je suis plutôt content là !

- Mais t’es con ou quoi ? Comment tu peux être content de bosser en un moment aussi historique ?

- Mais justement ? On la fait l’histoire nous ! Tu verrais ça ? C’est incroyable le silence qu’il y a ici ! Les gens sont confinés chez eux et pas un mot au-dessus de l’autre ! C’est incroyable ce sens du civisme ! Et dire que tout le monde prétend que le français est réfractaire à l’ordre !

- Mais t’es où là ?

- Ben à Lyon !

- Oui mais où à Lyon ?

- Là on quitte Saint-Nizier.

- Mais t’es con ou quoi ! Evidemment que t’entends pas un bruit ! On est tous partis se confiner à la campagne ou à la montagne ! Putain mais c’est pour ça que j’ai essayé de te joindre toute la nuit !

- Ah ouais OK. J’ai manqué m’inquiéter mais j’avais trop de boulot !

- Mon vieux ! On est à Courche dans le chalet des parents d’Isabelle ! On est 15 mon vieux ! On est partis ce matin à l’aube et on va se faire une bringue de dingue pendant un mois si ces cons vont au bout de leur idée ! Mais bordel ! Comment t’as pu manquer ça ?

- Mais.. mais à Courche la station est fermée là !

- Mais on s’en fout qu’elle soit fermée ! On a de l’alcool à profusion ! Du fromage en veux-tu en voilà ! Des capotes je t’en parle même pas… Papapapapapa ! Ça va être orgiaque ! Et toi comme un con tu t’es enfermé dans une ville morte !

- Ah merde c’est vrai… Tu crois qu’avec mon statut je pourrais…

- Ton statut de pigiste ? Mon vieux ! T’as pas fini d’arpenter la rue de la Ré ! Tu nous donneras des nouvelles ! Bonne bourre !

- Oui toi aus… Shit !

 

 

17/03/2020

 

Le CCC vous donne ses prévisions des variations des petits maux pour les mois à venir.

 

Obésité ; en forte hausse ce printemps.

Accidents cardiovasculaires : hausse sur au moins deux années consécutives.

Saturnisme : de retour cette année.

Œil au beurre noir : en forte hausse chez les femmes et les enfants ce printemps.

MST : en chute libre ce printemps, sauf chez les femmes et hommes auparavant abstinents.

Membres foulés, cassés. En chute libre ce printemps

Allergies : en baisse ce printemps, sauf celle aux acariens.

Grippe saisonnière, gastro : arrêt prochain.

Déficit en Vit D. en forte hausse ce printemps.

Claustrophobie : en forte hausse ce printemps.

Agoraphobie : explosion dès fin de crise du coronavirus.

 

Prévisions des grands maux.

Coronavirus : arrêt avant l'été.... ou pas. Pas de retour l'an prochain... ou bien ?

 

 

17/03/2020

A quoi ressemble un contrôle d’attestation de déplacement ? Le Coincoin du coin a demandé à une patrouille de police de bien vouloir emporter un de ses dictaphones pour en avoir une petite idée.

 

– Vous cherchez quoi ?

– Le lavomatic !

– Il est rue Mercière !

– Je sais parfaitement où il est ! Je veux savoir si j'ai le droit de me déplacer là-bas dans un déplacement autorisé.

– Vous êtes allé voir s'il était ouvert ?

– Oui.

– Vous aviez une autorisation pour aller voir s'il était ouvert ?

– Non. J'ai utilisé mon autorisation de déplacement professionnel.

– C'est illégal !

– C'est sur ma route !

– Alors ça va. C'était ouvert ?

– Oui.

– Alors c'est sans doute autorisé.

– Pas forcément puisque ce n'est pas sur la liste.

– Ce n'est pas sur la liste ?

– Je n'ai pas trouvé la liste.

– Donc c'est peut-être sur la liste. Cherchez la liste.

– C'est ce que je fais mais y a pas de liste !

– Hum... De toute façon si le propriétaire laisse ouvert c'est que c'est autorisé.

– Pas forcément. Il est peut-être mort du coronavirus dans la journée.

– N'en profitez pas pour laver votre linge à l’œil.

– Comment je pourrais laver mon linge à l’œil si je ne suis pas autorisé à le laver.

– Demandez-le lui !

– A qui ?

– Au propriétaire. S'il n'est pas mort.

– Peut être qu'il laisse ouvert en attendant de trouver la liste.

– Quelle liste ?

– La liste des déplacements autorisés.

– Pourquoi la chercherait-il ? Il n'a pas besoin de se déplacer pour laver son linge s'il a un lavomatic.

– C'est juste.

– Pourquoi cherchez vous un lavomatic au juste ?

– Je n'en cherche pas un. Je cherche à m'y rendre par un déplacement autorisé.

– Pour ?

– Pour laver mon linge sale.

– Lavez-le en famille !

– Je suis tout seul. Raison pour laquelle je n'ai pas de machine.

– Et vous avez du linge sale ?

– Oui. J'ai des tendances schizophrènes.

– Alors faut faire bouillir. Vous pouvez très bien faire ça chez vous.

– Dans ce cas il faut que je cherche un magasin qui vend des bassines et que je trouve la liste qui dit si oui ou non le déplacement vers un magasin qui vend des bassines est autorisé.

– Non ça c'est interdit.

– Comment vous le savez ?

– Je l'ai vu sur la liste.

– Il y a une liste des magasins non autorisés ?

– Non, seulement son complémentaire. Je peux vous vendre une bassine si vous voulez. Mais faut vous déplacer.

– C'est autorisé ?

– Non.

– Je vais faire ça dans l'évier alors. Ou la cuvette des chiottes. Elle a peut-être la fonction essorage.

– A votre guise.

– Je peux passer ?

– Pour ?

– Rentrer chez moi laver mon linge sale.

– Si vous me montrez votre autorisation pour en être sorti avec votre linge sale

 

18/03/2020

 

Annonce importante le Coincoin du coin.

 

Dans le reportage de nos pigistes mis en ligne sur notre site hier soir vers 21h, nous avons émis l'hypothèse d'un danger de mort de faim imminente pour nos compagnons les pigeons. Ce passage a fait réagir de nombreux connaisseurs des oiseaux et certains d'entre-eux ont tenu à lancer le message d'urgence suivant :"Si les pigeons ne se nourrissent pas comme les acariens de nos peaux mortes, il est cependant important de considérer que la présence ordinaire de nombreux passants, lâchant ici et là des miettes de pain, parfois même volontairement des graines, est un facteur favorable à l'épanouissement des pigeons. Sans eux la nourriture risque évidemment de se raréfier pour ces magnifiques oiseaux sans qui la vie des citadins serait bien fade. En conséquence nous demandons aux habitants confinés chez eux de ne pas oublier de jeter de temps à autre de la nourriture pour les pigeons, prioritairement des graines."

 

19/03/2020

 

L'âne à chroniques du Coincoin du coin :

 

La situation actuelle semble devoir nous conduire vers un constat assez stupéfiant. En temps ordinaire une part significative des travailleurs est payée à organiser, construire ou entretenir tout le système de transport qui lui permet d'aller travailler !

 

Vous trouvez ça absurde ? Nous aussi !

 

19/03/2020

 

Info le Coincoin du coin :

 

Après la suppression des jours fériés durant les 2 à 4 années prochaines pour compenser les vacances actuellement offertes, Edouard Flippe devrait prochainement faire une annonce pour en appeler à la solidarité nationale en demandant à l'ensemble des salariés de renoncer à leurs congés estivaux. Cette mesure de bon sens a dores et déjà été attaquée de front par les lobbys du tourisme, peu solidaires sur ce coup.

 

19/03/2020

 

Info le Coincoin du coin :

 

Durant le confinement, et contrairement à ce que pourraient penser nombres de complotistes, la démocratie et le droit d'expression restent la priorité du gouvernement. Ainsi il est possible et même encouragé de tendre des draps peints à la fenêtre à la condition express que le voisin du dessous ne soit pas à même de saisir par mégarde ou volontairement le drap en question. Vous devez donc au préalable vous assurez de la taille de vos voisins d'en-dessous mais une fois cela fait, oui il est tout à fait possible d'écrire sur de grands draps jaunes :"Macron démission !", ou "Edouard, salaud, le peuple aura ta peau !" ou "Moins de fric pour les flics, plus de briques pour l'Hôpital public !" ou "Achète PQ, même usagé !"

 

19/03/2020

 

Flash info le Coincoin du coin.

 

La rédaction tient à rassurer ses actionnaires minoritaires. Contrairement à une idée très reliée dans les médias concurrents, non les grands de ce monde n'ont pas perdu 1/3 de leur fortune en quelques jours. Ils n'ont pas vendu leurs yachts, leurs voitures de luxe, leurs bijoux, leurs maisons à la montagne, à la campagne, à la mer, leurs jets privés, leurs terrains de tennis... en tout cas, s'il les ont vendus, ce n'est pas vous qui les avez achetés ! Donc oui ! Les choses sont toujours en bon ordre et vous pouvez toujours dormir sur vos deux oreilles !

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