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Darwin Le Chat
3 octobre 2015

Darwin et la malédiction de la chèvre

Chalut.

Aujourd’hui je vais vous parler de Baseball. Non pas parce que ce sport m’intéresse beaucoup, je le trouve assez ennuyeux, mais parce que j’ai vu un reportage qui m’a fait un peu réfléchir. Au dernier étage d’un immeuble de la rue Emile Zola se trouve un type qui regarde beaucoup la TV et presque exclusivement du sport. Il y a là un avant-toit où je peux m’installer confortablement et regarder avec lui quand j’y trouve un intérêt. Comme il fume beaucoup sa fenêtre est toujours ouverte, ce qui me permet de bien entendre les commentaires. On passait donc ce reportage dédié aux Cubs de Chicago, une équipe historique de la League Nationale de Baseball, ou plutôt à l’un de ses fans malheureux. Il vous faut savoir qu’aux Etats-Unis il y a deux ligues de baseball, la Nationale et l’Américaine. Les champions de chaque ligue se rencontrent dans les World Series, un terme prétentieux puisqu’il ne s’agit que des Etats-Unis et non pas du monde entier mais qui reste le Graal absolu en matière de baseball. Les Cubs jouent dans un très vieux stade nommé Wrigley Field et ils ont eut beaucoup de succès durant la première moitié du vingtième siècle, notamment avant la première guerre mondiale, gagnant par deux fois les World Series. S’ils sont toujours aussi populaires les Cubs sont depuis longtemps devenus une équipe de loosers ; on attribut cette incroyable disette à une malédiction : la malédiction de la chèvre !

6 octobre 1945, Mr William « Billy Goat » Sianis, propriétaire de « The Billy Goat Tavern » veut aller encourager les Cubs qui jouent les World Series contre les Tigers de Détroit et mènent deux victoires à une après les trois premiers matchs joués à Détroit. Il ne leur manque donc que deux victoires à domicile pour empocher la série. William Billy Goat Sianis a tout comme vous la passion des chèvres et se persuade qu’elles sont un parfait porte-bonheur pour son équipe fétiche. Il achète donc deux places et se présente avec Murphy, une de ses chèvres, à l’entrée du stade. Les contrôleurs lui refusent l’entrée arguant que le stade est interdit aux animaux. Furieux Billy en appelle à PK Wrigley, le propriétaire des Cubs. A son tour celui-ci répond que Billy peut entrer mais pas Murphy. « Pourquoi pas elle ? » s’insurge Billy. « Parce qu’elle pue ! » lui répond Wrigley. Selon la légende Billy serait parti furieux en brandissant un bras vengeur et criant : « Cette équipe ne gagnera plus jamais les World Séries tant que les chèvres ne seront pas admises au stade! » Selon d’autres témoignages Billy aurait envoyé le télégramme suivant à Wrigley après le match : « Vous allez perdre cette série et vous ne gagnerez plus jamais le championnat ! Vous ne le gagnerez plus jamais parce que vous avez insulté ma chèvre ! » ou bien cet autre : « Qui pue maintenant ? » une fois les Cubs défaits. Quoiqu’il en fut les Tigers de Détroit gagnèrent effectivement trois matchs au Wrigley Field et furent sacrés champions au nez et à la barbichette des Cubs. Pis, non seulement les Cubs n’ont plus jamais gagné les World Séries mais ils ne les ont plus atteintes depuis 1945. Ainsi la malédiction de la chèvre hanta peu à peu l’esprit des fans des Cubs. Ceux-ci n’en perdirent pas leurs bonnes manières car le Wrigley Field est communément appelé « The friendly confine » , un stade amical en somme… prétendument.

A toute malédiction supposée s’opposent des tentatives de conjurer le sort. En 1969, un an avant sa mort, Billy Goat prétendit que la malédiction était levée et les Cubs firent une saison magnifique et possédaient une confortable avance sur les Mets de New-York début septembre. Le 9 septembre les Mets sont déjà sur les talons des Cubs suite à plusieurs défaites inattendues de ces derniers. Les Cubs rendent justement visite aux Mets. Comme si les malheurs des Cubs liés aux chèvres ne suffisaient pas, les Mets lancent leur propre arme vivante dans la bataille. Une poule avec des dents ? Non non ! Un chat noir, tout noir, et presque aussi beau que moi, sort de nulle-part, se dirige vers le marbre là où se trouve le batteur des Cubs, fait un tour complet du joueur avant de passer derrière le banc de l’équipe et de disparaître. Le coup de grâce ! Il est notoire que nous les chats noirs sommes des porte-bonheur, le porte-bonheur des Mets en l’occurrence. Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, les Cubs ont perdu leur baseball et s’écroulent définitivement pour finir la saison à dix victoires des Mets. En 1973 le neveu de Billy, Sam Sianis se rendit au stade avec Socrates, descendant de Murphy, arborant une cape rouge sur laquelle était inscrit : « Tout est pardonné. » On lui dénia le droit d’entrée. En 1984 les nouveaux propriétaires des Cubs invitèrent Sam Sianis et l’une de ses chèvres à parader sur le terrain lors du premier match de la saison. Les Cubs réalisèrent leur plus belle année depuis 1945 et ne perdirent qu’en finale de la ligue Nationale mais sur un raté grotesque d’un défenseur qui laissa penser que la malédiction œuvrait encore. En 1989 Sam Sianis fut de nouveau invité à parader avec une chèvre et les Cubs firent une brillante saison régulière mais déçurent une fois de plus au moment important. En 1994 le début de saison fut catastrophique, à tel point que la foule réclama Sam et sa chèvre : « Let the goat in ! » Sam a connu bien des égards dans sa position de neveu de Billy mais il a affirmé que la malédiction ne pourrait être levée que si les propriétaires des Cubs laissaient les chèvres entrer au stade avec une réelle affection pour elles et selon leur propre envie d’y venir plutôt qu’à des fins publicitaires. Depuis la malédiction a parfois tourné vaudou, comme ce 10 avril dernier où le propriétaire des Cubs reçut par la poste une tête de chèvre. Certains fans ont aussi espéré inverser la malédiction en tentant de forcer l’entrée d’un autre stade en compagnie d’une chèvre ; ainsi, certains d’être refoulés, ils pensaient déplacer la malédiction de la chèvre sur leurs adversaires. Mais la malédiction est tenace et elle semble avoir pris une dimension supplémentaire à la faveur d’un fait de jeu survenu en 2003, année de la chèvre.

Je ne comprends pas grand chose au baseball mais je crois pouvoir résumer simplement certains principes. Le jeu se déroule en 9 manches et durant chaque manche les deux équipes sont tour à tour en attaque et en défense. La défense à la balle, le lanceur doit tenter de la passer au receveur qui se trouve derrière le batteur adverse. Le lanceur ne peut pas lancer n’importe comment mais dans une zone jugée par un arbitre et où la balle doit être accessible au batteur. Si le lanceur lance régulièrement en dehors de la zone, le batteur n’aura même pas besoin de toucher la balle pour avoir le droit d’accéder à la première base. Si par contre le lanceur lance trois fois dans la zone et que la balle parvient au receveur, alors le batteur est éliminé. Si le batteur parvient à taper la balle alors il peut disposer d’un certain temps pour courir vers la première base voire la seconde, ou la troisième. Pour cela il doit envoyer la balle dans les limites latérales du terrain, territoire des bonnes balles, là où des défenseurs pourront tenter de la rattraper et de la renvoyer vers une des bases. Si la balle sort des limites latérales du terrain, c’est une fausse balle, le batteur aura d’ordinaire une nouvelle chance sauf dans certains cas qui nous intéresseront plus tard. Lorsque la balle est bonne, le batteur doit arriver à la base qu’il vise avant que la balle ne parviennent dans les gants d’un des défenseurs qui gardent les bases, sinon il est éliminé. Parvenu sur l’une des trois bases, le batteur attend un coup d’un autre batteur de son équipe pour tenter de progresser vers la base suivante selon les mêmes principes. Chaque attaquant parvenant au marbre, l’endroit d’où il est parti en position de batteur, marque un point. Une manière efficace de marquer des points est le Home Run. Si le batteur parvient à frapper suffisamment haut et loin pour faire sortir la balle dans la profondeur du terrain (mais toujours dans les limites latérales) alors il aura tout le temps nécessaire pour passer toutes les bases. S’il y a déjà d’autres batteurs sur les bases ils finiront eux aussi leur tour et plusieurs points seront marqués ainsi. C’est un coup difficile et risqué car si un défenseur parvient à attraper la balle de volée sans qu’elle touche le sol, alors le batteur est éliminé même s’il a atteint une base. La défense doit éliminer trois batteurs pour mettre un terme à l’attaque.

Dans les petits stades un simple grillage peut marquer les limites du stade. Dans les stades assez grands il y a des gradins sur les côtés parallèles aux bases 1 et 3 mais également assez souvent des gradins surplombant un mur délimitant le fond du terrain. Rien n’interdit à un défenseur de tenter d’attraper la balle par-dessus le mur. Non seulement il peut tenter de le faire par-dessus le mur du fond du terrain pour éviter un Home Run, mais également sur les côtés, pourtant territoire des fausses balles. En effet, même dans le territoire des fausses balles un arrêt de volée signifie l’élimination du batteur. Les possibilités d’attraper une balle par-dessus le mur restent limitées par la faible détente des humains, très handicapés en la matière. Un balle arrivant dans les gradins sera donc généralement captée par un spectateur et celui qui y parvient peut se la garder en souvenir, sous les applaudissements. Tout fan de baseball espère un jour avoir cette chance. Cependant les spectateurs n’ont pas le droit d’attraper une balle en avançant leur bras par-dessus le mur, empêchant ainsi le défenseur de le faire, sinon il y a interférence et les arbitres peuvent accorder l’arrêt de volée. J’espère avoir été simple et concis pour un jeu qui ne l’est guère, une compréhension très minimale est nécessaire pour la lecture de mon prochain billet.

 

Darwin.

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