Le Coincoin du coin, sélection du 16 au 19 floréal 228
17 floréal 228
Publireportage.
La start-up française FFFM (French Federation of Face-Mask), créée il y a 6 semaines et dans laquelle on murmure que le président en personne aurait des billes, est déjà en mesure de fournir à un prix record les masques que tout le monde attend. Puisqu’il est possible que la population soit obligée de porter des masques durant de longs mois, tout le monde comprend bien ce que cela signifie en terme de relations sociales : on ne sera plus en mesure de distinguer les beaux des laids ! Les beaux seront tous ceux qui ont de beaux yeux et les laids seront tous les autres. A quoi bon se déconfiner si c’est pour perdre l’une des affaires qui nous guident le plus dans la vie : la quête de la beauté et accessoirement celle d’un ou d’une partenaire ? Eh bien, sans être la première à s’être lancée sur ce marché porteur, la FFFM a, par un judicieux espionnage industriel et une pression monumentale sur les fournisseurs de matière première, réussi à rattraper tout son retard sur la conception de masques permettant de reconstituer le visage du porteur.
Pour bénéficier vous aussi des masques qui permettent de montrer votre vrai visage aux gens que vous croisez, il vous suffira d’envoyer vos photos à l’adresse suivante : orders.fffm@gmal.com. Pour un résultat optimal vous devrez prendre et envoyer les mesures de votre visage selon les indications que vous trouverez sur le site de la FFFM. Les masques sont de type lavable et seront accessibles à partir de 39,99 l’unité. Il est possible et conseillé d’en faire faire plusieurs pour que votre visage apparent corresponde à votre humeur du jour, dans ce cas vous devez envoyer les photos correspondantes.
Attention : la FFFM s’attend à ce que certaines personnes moches en profitent pour se donner les apparences de la beauté. Cela pourrait s’avérer rapidement être illégal. En effet la commission Tristan Escroçi qui planche actuellement sur le projet de loi lié au déploiement national des caméras à reconnaissance faciale, a d’ores et déjà averti qu’elle entendait rendre obligatoire le port de masque à reconstitution faciale dès qu’ils pourront être produits en quantité suffisante et ce pour que les gens ne prennent pas l’habitude de vivre cachés ; quand on n’a rien à se reprocher on n’a rien à cacher comme dit le plus bel et plus vrai adage que l’homme ait jamais énoncé. Dans ce cas il est évident que toute contrefaçon sera sévèrement punie.
Avec la FFFM vous optez pour le made in France, sans enrichir Amazon ! A vos CB !
17 floréal 228
L’Europe commissionnaire a de la suite dans les idées !
Après avoir confié à BlackRock, gigantesque cygne blanc de la finance vierge de tout soupçon de conflit d’intérêt, la charge d’élaborer des propositions sur la manière d’intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans la supervision bancaire, la Commission européenne a annoncé avoir fait un pré-tri concernant les appels d’offre en lien avec les autres recherches indispensables à la marche de l’Union.
Pour l’étude de l’incidence de la charge de microparticules aéroportées d’origine chimique sur l’espérance de vie, les dossiers retenus sont ceux de Exxon Mobil, Royal Dutch Shell et Total.
Pour l’étude sur la préservation des espaces non-bâtis, les dossiers retenus sont ceux de Bouygues, Vinci et Amazon.
Pour l’étude pour la sauvegarde du commerce de détail, les dossiers retenus sont ceux d’Amazon, Amazon et Amazon.
Pour l’étude sur le déploiement de l’agriculture biologique, les dossiers retenus sont ceux de Carrefour, Mc Donald’s et Nestlé.
Pour l’étude sur les trajectoires des régimes d’assurance maladie, les dossiers retenus sont ceux de Antin Infrastructure Partners, JPMorgan Asset Management et Bridgwater Associates.
17 floréal 228
Déconfinement : ne vous précipitez pas chez votre coiffeur ou votre esthéticienne !
Vos poils ont un peu trop poussé à votre goût durant les semaines écoulées, vous envisagez de vous rendre dès lundi prochain chez votre coiffeur ou votre esthéticienne. Mauvaise idée ! Certes les ciseaux, tondeuses, peignes ou rasoirs de plus d’un mètre de long ont été livrés chez les professionnels du secteur grâce à la précieuse collaboration d’Amazon, mais il faudra de nombreuses journées avant que les employés et indépendants soient en mesure de s’en servir sans danger pour le client. N'est pas Edward aux mains d'argent qui veut. Nous vous conseillons d’attendre deux ou trois semaines avant d’envisager un rafraîchissement de votre système pileux.
17 floréal 228
Le Coincoin du déconfinement.
Tous les français se sont demandé en quoi consistait la règle des 100 kilomètres, allait-on être autorisés à nous déplacer à 100 kilomètres de distance de notre domicile en comptant les kilomètres par la route ou les kilomètres à vol d’oiseau ? Bien sûr, tous malins que nous sommes, nous avons interprété cette annonce comme une autorisation d’aller à 100 kilomètres à la ronde, ce qu’on exprime par l’expression « A vol d’oiseau » et les plus déterminés d’entre nous ont pris un compas qu’ils ont planté dans une carte à l’aplomb de leur domicile pour voir si ce vol d’oiseau allait leur permettre de se rendre enfin chez tante Gertrude où les attend un délicieux fondant au chocolat.
Halte là concitoyens ! Il y a maldonne ! Croire que le vol d’oiseau est avantageux par rapport à la route est une grossière erreur, ça dépend de quel oiseau on parle ! Grâce à l’un de ses plus fidèles canardés, Darwin Le Chat, adepte du courrier d’électeur, le Coincoin du coin est mieux renseigné sur les vols d’oiseaux que les meilleurs ornithologues. Et donc nous sommes en mesure de vous dire que vous avez intérêt à choisir le bon oiseau si vous voulez avoir une chance d’atteindre la maison de tante Gertrude avant d’avoir fait 100 kilomètres. Imaginez que vous soyez un lyonnais qui entend se rendre quelque part dans la région stéphanoise (oui oui, figurez-vous qu’il y a vraiment des gens qui ont ce genre d’idées saugrenues, même des lyonnais). Si vous choisissez l’un des moineaux qui en temps normal bouffent les frites des affreux, sales et méchants clients du Mc Donald’s à l’angle de la rue de la République et de la place Le Viste à Lyon, quand vous aurez fait 100 kilomètres, vous n’aurez pas dépassé le semblant de verdure en pot qui végète au-dessus des bouches de métro place Bellecour. Si vous choisissez Banofee-Banofee, l’un des pigeons du clan qui vit sur un bloc au sud de la place des Jacobins, vous ne dépasserez pas non plus le côté sud de la place Bellecour puisque Banofee-Banofee a prétendu limiter ses déplacements à un rectangle allant de la rue Herriot aux quais de Saône dans la longitude et du sud Bellecour au nord de la place des Jacobins dans la latitude. Riton, un autre pigeon du même clan se déplace un peu plus le long de la Saône mais il va généralement vers le nord. Il semblerait alors judicieux de vous en référer à des oiseaux plus réputés pour leur goût du voyage, tels les cormorans qui ont élu domicile à Lyon ces derniers temps. Eh bien apparemment, eux non plus n’ont pas l’air de penser qu’ils ont fait tout ce chemin pour repartir de sitôt en sens inverse. Il vous reste donc George, une mouette anglaise installée à Lyon pour le compte de la Gull International et qui fait encore régulièrement des voyages au long cours. Cependant George lui-même ne va pas bien plus droit que les routes, il suit les rivières et les fleuves, un peu comme les routes donc. Au demeurant ses activités lui commandent de voyager entre Londres et Paris et entre Paris et Lyon, qu’est-ce qu’il irait foutre à Saint-Étienne ? Qu’est-ce qu’il vous reste alors ? Une hirondelle ? N’y pensez même pas, vous aurez la gerbe avant même d’avoir fait un kilomètre à prendre des G dans la gueule dès qu’une mouche ou un moustique passe dans les parages. Vouloir faire 100 kilomètres à vol d’hirondelle en mai c’est comme entreprendre de manger des huîtres dans un avion de chasse lancé à mach2 à la poursuite d’un autre, sauf qu’en plus vous aurez toutes les chances de vous retrouver tout proche de votre point de départ une fois faits les 100 kilomètres, pour un peu vous allez dégueuler dans votre salon. La solution la plus efficace semble donc de se rabattre sur une oie sauvage. Une oie sauvage est assez susceptible d’avoir l’idée d’aller en droite ligne durant 100 kilomètres ou plus. Certainement, oui. Sauf qu’à cette saison il est plus probable qu’elle aille vers le nord. Et puis quelle que soit la saison, qu’est-ce qu’elle irait foutre dans la région stéphanoise ? D’ailleurs y a-t-il un seul oiseau qui ait, depuis que ces villes existent, eu l’idée de partir de Lyon pour aller à Saint-Étienne ? On peut raisonnablement en douter ! Un corbeau peut-être ?
Non vraiment ! Le Coincoin du coin vous conseille d’oublier cette histoire de vol d’oiseau, de nettoyer les merdes de pigeons accumulées sur votre pare-brise, de redémarrer votre bagnole en veillant à réinitialiser le compteur intermédiaire, et de rouler dans la direction de Sainté, vous devriez pouvoir allègrement dépasser tous ses faubourgs même si vous partez du fin fond de Rillieux-la-Pape. Et pensez à bien appuyer à fond sur le champignon histoire de vite ramener la saturation de l’air et le fond sonore à leur niveau habituel avant que tous ces connards d’oiseaux même pas fichus de profiter du vol d’oiseau ne pullulent !
18 floréal 228
Le Coincoin publicitaire : le Medef rappelle le CSA à l’ordre !
La situation est un peu ubuesque chez les patrons. Le patronat semble s’inquiéter de la communication de certaines entreprises et demande au CSA de veiller à ne pas laisser passer des publicités qui laissent entendre que la vie durant le confinement est une vie humainement plus épanouissante que la vie ordinaire. Lors d’une visioconférence entre des décideurs du Medef et des membres du CSA, diverses publicités ont été montrées comme symbole de spots qu’on peut interpréter comme un hymne à la paresse. Mais l’interprétation est par nature subjective. La publicité qui a le plus fait parler d’elle et pour laquelle le ton est même monté à un point où les attaques personnelles n’étaient plus très loin, est une publicité O2. Publicité que le Coincoin du coin, canard avisé, est en mesure de comprendre. O2 se vante à la fin du spot d’être le numéro 1 du service à domicile. Le spot en lui-même est très court, on y voit un aspirateur avec en fond sonore des enfants qui jouent puis une voix off disant « O2 solidaire de ceux qui ont retrouvé la joie de faire le ménage et de garder leurs enfants. » Faut-il interpréter ce spot comme anticapitaliste comme le suggère le Medef ? Il est vrai qu’on peut y sous-entendre que le moment est un moment de joie que le monde du travail nous empêche d’ordinaire de vivre. Mais si on se place du côté des salariés de O2, ceux-ci pourraient l’entendre de la manière suivante : « Je garde MES enfants et je fais MON ménage au lieu de le faire chez les autres, ce qui devrait être la norme dans un monde qui tourne rond » Bref… pas très vendeur tout cela. En réalité aucune de ces deux interprétations n’est la bonne et O2 n’est pas anticapitaliste, O2 offre des services dont certains sont indéniablement indispensables à la société, notamment des services aux personnes dépendantes. Mais ce clip ne parle pas cette partie de son activité, il s’adresse justement à ceux qui pensent que la vie est bien plus épanouissante quand on a les moyens de faire garder ses enfants par d’autres à chaque fois qu’on le désir et surtout faire faire son ménage à d’autres. Certes les conditions actuelles obligent à faire des spots minimalistes mais celle-ci est très réussie dans l’objectif qu’elle se fixe. Ce n’est pas un aspirateur vendu pour son silence par d’autres capitalistes en pointe de la technologie des aspirateurs, c’est un aspirateur bruyant dont le bruit se surajoute à celui que font les enfants, ces insupportables enfants qui sèment leurs jouets partout dont on a hâte qu’ils retrouvent une nounou ou retournent à l’école. La personne qui passe l’aspirateur n’est pas visible mais on comprend qu’elle ne le fait pas en sifflotant et de gaieté de cœur, elle n’y met aucun enthousiasme, c’est si rébarbatif que l’aspirateur passe 6 fois exactement au même endroit.
Alors nous pensons que le Medef aurait dû applaudir des deux mains ce spot et nous pensons utile de le faire à sa place : Bravo O2 ! Et merci à ses 13500 salariés en France, qui font pour les autres ce que les autres ne peuvent pas faire pour eux-mêmes, assez souvent avec des horaires à la con, assez souvent pour le smic horaire, assez souvent loin de chez eux, assez souvent sans qu’on les applaudisse à 20h. Le non-sens du capitalisme que d’autres publicités ont peut-être mieux fait sentir, c’est que certains clients de O2, généralement mieux situés dans l’échelle sociale, ne passent pas l’aspirateur et font garder leurs gosses non pas parce qu’ils trouvent cela indigne mais parce que leur propre rythme de travail ne leur laisse pas le temps de le faire, métro, boulot, dodo. Quant aux clients de O2 qui ne sont pas débordés mais trouvent que l’aspirateur est très rébarbatif mais tout de même moins pénible que des gosses H24, il est grand temps d’apprendre à vous servir de préservatifs ou tout autre chose qui pourrait vous prémunir contre ce danger à l’heure des pandémies. Ne pas vous reproduire est mieux pour vous et pour l’humanité en général, faites d’une pierre deux coups !
18 floréal 228
Courrier d’électeur : un voyage via l’aéroport de Bogota.
Nous avons reçu ce matin un courriel de Madame X (elle a souhaité garder l’anonymat) qui dit avoir été très marquée par l’article de C. Jasseronde relatif aux métiers à la con. Pour autant son courriel ne traite pas vraiment de cela mais plutôt d’une certaine drogue : la cocaïne.
«
Cher Coincoin.
J’ai lu avec grand intérêt l’article de monsieur Jasseronde qui émet une critique des idées de monsieur Graeber sur ce qu’il appelle les bullshit jobs. Au contraire de votre rédacteur en chef je me suis empressée de commander la version numérique de cet ouvrage (pas chez Amazon, chez Decitre) et même s’il n’est pas totalement convaincant, je n’arrive pas à m’empêcher de penser que fondamentalement, ce processus pratiquement inconscient est à l’œuvre ; on a bien créé un monde dans lequel, même si vous en arriviez à avoir un bon salaire en travaillant 6h par jour, ce qui est peu, le fonctionnement de la société vous obligerait encore à tout organiser en fonction de ces 6 heures-là. Bien entendu la principale manière d’y être obligée vient de la distance qui ne semble pas devoir s’amenuiser entre le domicile et le lieu de travail même si nous disposons de réseaux et de matériels de transport de plus en plus sophistiqués. Personnellement je suis sur mon lieu de travail environ 10h par jour cinq jours par semaine, mais il faut rajouter à cela au minimum 10h de transport, et je suis loin d’être la plus mal lotie parmi mes collègues. J’ai un très bon poste, cadre de haut niveau, bien rémunéré et ma vie sociale est largement conditionnée par le travail, mes sorties entre ami-e-s sont souvent des sorties entre collègues. Pourtant j’ai de plus en plus de mal à accepter l’idée que mon travail participe totalement à la marche d’un monde qui à bien des égards est absurde. J’ai des enfants qui semblent vouloir attraper tous les maux généralement attachés à ce qu’on appelle les maladies civilisationnelles. Rien de dramatique pour le moment et je sais que les défenseurs de notre mode de vie contestent le fait que l’on soit en moins bonne santé qu’il y a 20 ou 30 ans ; rien à faire, quelque chose en moi me laisse penser que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Je ne sais pas s’il est tout à fait juste de voir le covid-19 comme symptomatique de notre époque mais toujours est-il qu’il m’a amenée au télétravail et que cela a eu plusieurs implications directes.
En premier lieu j’ai réduit ma consommation de cocaïne, plus contrainte que par choix, mon « dealer » est un collègue. Je me suis mise à la cocaïne plus tardivement que bien des personnes autour de moi, bizarrement un jour où cela ne se justifiait pas du tout puisque c’était à l’occasion d’un séminaire où la charge de travail était réduite. J’ai pris de la cocaïne pour être bien en fête et j’ai malheureusement compris tout l’avantage que je pourrais en tirer dans mon travail. Depuis j’ai pris un peu de galon ce qui ne m’a guère poussée à ralentir ma consommation. Le télétravail n’est pas une chose si évidente malgré que le gros de mes journées se fasse d’ordinaire rivée derrière un écran, il ne m’a pas semblé au préalable judicieux d’arrêter totalement de prendre de la cocaïne. J’avais pris quelques précautions mais le confinement étant susceptible de durer longtemps, j’ai tout de même baissé un peu la cadence. Mon rythme de travail s’est de toute façon ralenti de lui-même, mon secteur d’activité tout entier semblant figé dans le temps. Je me suis mis à passer plus de temps avec mes enfants, ce qui fut un peu synonyme de gavage télévisuel en famille. Je n’ignorais pas que mes enfants passaient trop de temps devant les chaînes idiotes de la TNT mais tout ce que je considérais comme non regardable, pas au point de vue moral mais au point de vue de l’intérêt, est devenu curiosité. Dans ce monceau de stupidités je suis tombée un jour sur de la télé-réalité ressemblant à tous ces reportages où un cameraman suit des policiers, sauf que là ça se passait dans un aéroport, celui de Bogota. Je peux vous assurer que même si je suis absolument convaincue que mes enfants ignorent tout de ma consommation de cocaïne, j’étais dans mes petits souliers. J’ai vu plusieurs épisodes de cette série, mais un seul en compagnie de mes enfants, les autres je les ai regardés sur mon ordinateur, il fallait que je les regarde, tous ! C’est devenu ma nouvelle drogue, une drogue pour chasser l’autre. Comment mon cerveau a-t-il pu occulter cet aspect des choses, l’absolue nécessité que la cocaïne voyage entre son point de production et mon sac à main ? Pour moi, mon « dealer », mon collègue, c’est comme un employé à un stade intermédiaire d’une chaîne d’approvisionnement classique, pas le complice d’un réseau de grand banditisme. Et moi je ne suis pas non plus la complice de ce réseau ! Non ! Je suis juste une femme de bien, une femme performante insérée dans une société performante ! Je ne me drogue pas, je prends ce qu’il faut pour rester performante. Pourquoi les autorités qui demandent une société performante ont rendu illégal la cocaïne ?
A l’aéroport de Bogota passent des troupeaux de mules. J’ai voulu me concentrer sur celles qui réussissent leur coup, celles qu’on ne voit pas quand elles crient leur joie de l’argent facile. Ce ne sont pas de bonnes personnes, impossible, ce sont plus sûrement des personnes qui exploitent les autres avec de l’argent facile. J’ai tout fait pour m’en persuader, mais ça ne tient pas. Des pauvres pour la plupart, 8 à 12 ans de prison, 12 à 20 ans de prison, le plus gros risque dans le réseau mais la portion congrue de ses bénéfices, les menaces et la peur, sans doute la mort parfois. Je fais partie de ce réseau et je ne risque presque rien.
Comment je vais faire désormais ?
18 floréal 228
Brève de Coincoin
Notre pigiste P. Lebref nous a envoyé un message dans lequel il s’excusait de ne pas avoir livré son article du dimanche 10 mai. Comme beaucoup de nos pigistes il est entré peu à peu dans un état de léthargie avancée mais il ne pensait pas en être arrivé au point de dormir plus de 80h d’affilée. Ce matin, aux alentours de 13h, ouvrant sa fenêtre, P. Lebref s’est rendu compte qu’on était le 11 mai car la rue avait à peu près repris son rythme normal. Nous tenons à rassurer P. Lebref qui n’a pas dormi 80h d’affilée, les lyonnais de son quartier bourgeois, à l’instar les quartiers populaires de Marseille ayant décidé de se déconfiner avec 3 jours d’avance. Il ne pouvait pas le savoir car au contraire des quartiers populaires de Marseille, aucun média n’en a fait la publicité.
Par contre notre autre pigiste du coin, R. Mite, doit redescendre de son petit nuage. Quand on se réveille à 19h45 et qu’on ouvre ses volets à 20h, les applaudissements ne signifient pas qu’on est devenu l’attraction de la rue.
18 floréal 228
Courrier d’électeur : le retour des héros en blouses blanches
L’un de nos canardés, Mr J. Aplodi nous a envoyé le courriel suivant.
«
Ce matin en m’autorisant une petite sortie jusqu’au local poubelle, j’ai trouvé un mot dactylographié scotché sur ma porte et qui comportait le message suivant : « Surtout n’applaudis pas nos héros en blouses blanches connard d’égoïste ! On espère tous que tu vas choper le Covid-19 et que tu vas en crever ! Vas au diable ! »
Je précise que je vis dans un quartier chic du 17ème arrondissement de Paris et qu’il n’y est pas coutume de tutoyer ses voisins. Je dois également admettre que je n’ai jamais applaudi aucun héros en blouse blanche. Après tout personne ne m’a jamais applaudi pour mon travail et si présentement je ne travaille pas, cette situation n’est pas de mon fait comme pour des millions de chômeurs à temps partiel et même à temps complet. Cependant j’ai un profond respect pour ceux qui font des choix de carrière qui sont plus guidés par la dévotion que par la rémunération attendue, notamment quand ces métiers sont reconnus difficiles. J’ai toujours pensé que la seule véritable aide que le reste de la société pouvait leur apporter, était de rendre ces conditions moins difficiles, et j’ai un avis assez tranché sur la façon d’y parvenir. Pour ce qui est d’une gratitude plus visible, le jour venu je saurai remercier personnellement ceux et celles par qui mes problèmes se résolvent, comme je remercie toujours ma dentiste et mon médecin. Il se trouve aussi que j’aime m’intéresser aux résultats de mon bureau de vote, je crois pouvoir affirmer que parmi ses inscrits, je fais partie des 4 ou 5 % capables d’envisager voter à gauche de LREM à chaque scrutin. Alors je voudrais répondre simplement à celui ou celle qui a mis ce mot sur ma porte, sait-on jamais, cette personne est peut être abonnée au CCC pour ses pages droites.
Madame ou monsieur, libre à vous d’avoir galopé tant d’années comme un buffle dans une direction pour vous rendre compte soudainement que ce que vous pensiez être une petite haie s’avère être un mur infranchissable à la seule force de vos jarrets. Libre à vous d’avoir fait volte-face et d’avoir décidé soudainement de vous changer en mouton dans l’idée de galoper en troupeau. Sachez simplement que ce virage à 180° vous amène tout droit vers un précipice à moutons ! »
19 floréal 228
Erratum.
Nous avons publié hier dans notre édition papier un court reportage sur les américains en lutte contre le confinement. Ce reportage n’était qu’une évocation des faits et ne faisait même pas mention des manipulations de Donald Trump concernant les États dirigés par des démocrates. Pourtant cela nous a valu de nombreux retours nous comparant à ses américains bardés de drapeaux et assez ouvertement portés sur les armes à feu. Nous ne polémiquerons pas plus à ce sujet mais par contre nous tenons à nous excuser pour la photographie qui accompagnait ce reportage. En effet de nombreux canardés ont remarqué que cette photographie, certes envahie de bannières étoilées, montrait essentiellement des personnes ayant dépassé la soixantaine et pesant en moyenne plus de cent kilos. Cette photo a évidemment amené nombre de nos canardés au bord de l’apoplexie, quelle inconscience !
Nous tenons à les rassurer, cette photo achetée à un journal concurrent que nous avons légendée « Des américains organisent des fêtes covid-19 à seule fin d’attraper le virus pour créer une immunité collective. » ne concernaient vraisemblablement pas ce type d’évènement, tout en nous faisant pigeonner nous avons apparemment fait preuve de négligence. Il est en effet peu probable que ce soit le public à risque qui s’expose en premier lieu à une contamination qui peut les foudroyer. Il n’est pas stupide à ce point n’est-ce pas ?